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Antoine : « Ma copine a commencé à faire pression sur moi pour me donner de l’argent »

J’étais en couple et j’avais mon appartement. Quand on a voulu se marier, on a appelé la CAF pour savoir si on avait le droit à une « aide pour le mariage » . Et c’est comme ça que la CAF a été au courant de ma situation conjugale. La CAF a sucré mon AAH et mes APL, du jour au lendemain. Je me suis retrouvé sans rien ! La CAF a ouvert une enquête et mes droits ont été bloqués. Après avoir demandé de l’aide à ma mère, tout le monde m’a lâché !

Je ne pouvais plus payer mon loyer, je n’avais même plus de quoi manger !

Ma copine a commencé à me donner de l’argent pour les courses, pour qu’on continue à se voir… Mais je ne pouvais pas payer mon loyer. Et puis au fil des mois, je ne savais plus où dormir : car tant que je n’avais pas un « chez moi » je ne pouvais pas prouver que j’étais célibataire ! La CAF m’a demandé de rembourser l’argent perçu tout le temps que j’ai vécu en couple. Je ne savais même pas qu’on ne pouvait pas aller voir sa copine dans un couple. C’est important de vivre sous le même toit, une femme qui veut vivre en couple a besoin de son homme !

À la maison, on a commencé à avoir des tensions entre les allers-retours entre ma famille et l’appartement de ma copine. Celle-ci a commencé à
faire pression sur moi pour me donner de l’argent, c’était en contrepartie ou sous « conditions ». Je m’explique : elle dictait la façon dont je devais me conduire au quotidien.

Je ne pouvais plus vivre comme ça, dépendre d’elle complètement. J’ai perdu ma dignité, ma fierté d’homme. J’ai donc décidé de partir. Je me suis retrouvé à vivre dans une chambre à Paris puis finalement vivre dans la rue. Je n’ai cessé d’appeler la CAF, qui me répondait que ma situation était bloquée puisque j’ai été en faute.

Sans argent, sans mutuelle, sans mes médicaments, j’ai donc été
hospitalisé et une demande de curatelle a été lancée par un médecin. Dans mon dossier de demande de curatelle, il est inscrit que j’étais sans argent malgré mon droit à l’AAH. Grâce à son rapport d’expertise, j’ai pu retoucher mon AAH 8 longs mois plus tard. Mais l’expert m’a reproché de n’avoir pas bien géré mon argent que je n’avais pas et c’est ce qui a justifié la mise sous curatelle.

J’ai renoncé à habiter avec ma copine, on ne s’est jamais mariés, j’ai
dû retrouver un appartement. Ces deux années de ma vie m’ont brisé, j’ai eu une décompensation psychotique.

Aujourd’hui cela fait 10 ans que je vis seul, du moins pas en concubinage. C’est une cruelle injustice, je le sais et en mesure les conséquences.

Je pensais que mon témoignage pourrait être intéressant alors je suis heureux qu’il vous convienne et que vous le trouviez pertinent. Vous comprenez que lorsque j’ai appris la possibilité de cette loi ça m’a fait un choc, ça aurait pu changer ma vie. En tout cas je suis gêné lorsqu’une fille parle ou propose d’habiter chez moi, ou de se mettre en couple avec moi et faire des projets. Je suis obligé de la laisser partir ou de lui dire non.

Au final on ne construit pas de relation, ça peut avoir des conséquences sur notre relation, des conséquences de rupture et c’est dommage quand même vous en conviendrez de vivre seul, ça manque de charme de pas se réveiller le matin à deux en souriant. Si cette loi passe je pourrais envisager les choses différemment.

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Gabriel : «Si je travaille, mon épouse n’aura plus de revenu et sera totalement dépendante de mon salaire pour vivre ou plutôt survivre.»

Je suis en couple avec ma femme depuis l’âge de 19 ans et nous sommes mariés depuis 2018 (nous en avons 33). Nous sommes tous les deux bénéficiaires de l’AAH. Je suis sourd et elle est atteinte de mucoviscidose ainsi que d’autres pathologies.

J’ai toujours eu le désir de travailler car j’estime le pouvoir et avoir cette chance.

Mon épouse a la vocation d’être enseignante en anglais mais sait qu’elle ne pourra jamais épouser sa destinée avec sa santé précaire. Après des études en comptabilité qui n’étaient pas faites pour moi, je me suis lancé dans les pas de ma femme et j’ai commencé une licence d’histoire et par la suite, obtenu un master MEEF sans réussir à le concours. Depuis 3 ans, je pourrais être enseignant contractuel et ainsi travailler à temps plein mais je ne l’ai jamais fait.

Si je travaille, mon épouse n’aura plus de revenu et sera totalement dépendante de mon salaire pour vivre ou plutôt survivre.

Ses maladies sont déjà un poids conséquent pour elle et le sentiment de « ne servir à rien » est déjà fort. Elle ne veut pas me demander d’argent pour aller acheter ce dont elle a besoin ou pour se faire un « achat plaisir » ! Je comprends totalement sa situation.
Cependant, mon envie de travailler, m’épanouir, de me responsabiliser et d’entrer dans la vie active est très forte également et elle comprend également très bien ma situation. Nous nous aimons et il n’est pas question de se séparer. Cependant le sujet alimente parfois nos disputes et créer des situations de conflits et d’inquiétudes pour notre avenir.

En 2021, il est temps de permettre aux handis d’aimer et de pouvoir vivre cette amour sans vivre dans la pauvreté.

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«Impossible pour moi de redevenir dépendante financièrement de quiconque»

Témoigner… revenir et écrire sur sa vie d’avant, d’aujourd’hui… mais surtout celle que l’on ne veut plus demain ! Exercice synonyme de douleurs (encore) mais aussi porteur d’espoir. J’ai 53 ans, j’ai 4 enfants, 2 encore à la maison qui ont 15 et 20 ans. Divorcée depuis 3 ans, séparée depuis 5 ans. Je touche l’AAH à taux plein depuis 4 ans et 6 mois.

Avant de trouver cette force vitale de pouvoir quitter notre maison, il m’a fallu presque 5 années… 5 longues années de piques… de réflexions, d’allusions à mon handicap qui ne se voyait pas… 

Au début je travaillais encore, puis j’ai réduit… »Tu travailles pour rien… », « Tes frais d’essence ne sont même pas couverts par ton salaire »… »Tu as vu ce qu’on paye de cantine pour que tu ailles bosser », etc… Énumérer est trop difficile pour moi. Et puis un jour malgré un énième « Mais ma pauvre… regarde-toi, tu as 4 enfants, tu as mal partout, tu n’es plus toute jeune, pas un centime, sans moi t’as rien… » je lui ai dit STOP. FINI.

Il s’est vengé, à sa façon. Il a pris ma carte bleue, mon chéquier, m’a insultée, craché au visage, etc.

Il ne mettait de la nourriture dans le frigo que pour nos enfants. J’ai tenu, à aucun moment je n’ai cédé, comme je l’avais si souvent fait auparavant, par peur… La peur m’avait définitivement quittée.

J’ai fait toutes les démarches nécessaires pour débloquer mon AAH, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes à la CAF qui ont accéléré les choses.

Mais trouver un logement ! « Mais, Madame vous n’avez qu’une allocation, ce n’est pas pérenne… ça peut s’arrêter du jour au lendemain… ». Et oui, parce qu’en plus de la souffrance, du manque de vie sociale, du deuil de celle que vous étiez avant, de la nouvelle vie qu’il faut apprivoiser, accepter, il faut aussi que tous les 2 ans, 3 ans – ou plus c’est selon – que vous justifiez auprès de la MDPH de votre handicap, que vous leur VENDIEZ votre handicap et vos douleurs…

Mais je l’ai obtenu mon petit nid de réconfort ! Au bout de 6 mois je l’ai obtenu ! Les combats, ces combats, plus ceux que nous infligent à tous la vie, je les ai menés, je les mène encore. 

Mon dernier fils a besoin de soins psy, que je paye, seule… Je quémande tous les mois une pension alimentaire, leur père ne les prend jamais. Les soins de mon fils restent la priorité. Donc les miens passent en second voir troisième plan. Adieu sophro, ostéo, yoga… juste kiné deux fois par semaine…

Je me suis reconstruite, un peu, je suis abîmée, à vie, je le sais. Même si je suis capable de bonheur. J’ai un amoureux depuis 3 ans, j’ai cette chance, un homme d’une intelligence, d’une patience, d’une écoute sans pareille…. mais nous ne sommes pas un couple « normal ». 

Impossible pour moi de redevenir dépendante financièrement de quiconque. Impossible pour nous de nous marier, nous pacser, acheter une maison…. juste voir nos deux noms ensemble sur un quelconque projet…

Aucun d’entre nous ne mérite cette double peine… il est temps que les choses changent, évoluent ! Quelle image donnons nous à nos enfants, futurs citoyens de ce qu’est la loi, l’acceptation de la différence ?

Force et courage, nous en avons, physiquement souvent moins que les autres mais notre cerveau et notre volonté est intacte ! Ensemble, on y arrivera ! 

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Isabelle : «J’ai l’impression d’être un poids ou un rebut pour la société»

J’ai 49 ans. Je suis handicapée à 80%. Je suis mariée et nous avons trois étudiantes qui touchent très peu de bourses voire pas (pour l’une des trois), qui continuent leurs études et qui sont encore à la maison. Nous devons payer les charges, la cantine, les frais de scolarités et la nourriture pour 5.

Je touche l’AAH d’un montant de 360 euros. C’est peu pour subvenir aux besoins de la famille. Nous devons nous priver de loisirs et de sorties pour éviter de dépenser superficiellement.

Mon conjoint est obligé de me verser de l’argent afin que je puisse payer les courses alimentaires. Je n’ose pas lui demander de l’argent pour aller chez le coiffeur ou m’habiller. Je ne peux pas faire plaisir à mes filles et à mon mari. Je suis dépendante de mon mari financièrement. J’ai le moral à zéro, plus de vie sociale. Je perds peu à peu ma dignité. Ce n’est pas à lui de subvenir à mes besoins.

J’ai l’impression d’être un poids ou un rebut pour la société. Mon handicap, je l’ai depuis la naissance. Je n’ai pas choisi ma vie et je dois vivre avec.

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Karine : « Avec mon compagnon nous nous disputons sans arrêt pour ça, on est au bord de la rupture… »

Bonjour, je m’appelle Karine, j’ai 53 ans. Je suis en vie maritale (concubinage) depuis le 1 janvier 1988. Mon concubin a une activité non salariée il est agent immobilier indépendant dans une petite ville depuis le 28 août 2005. Nous avons 2 enfants rattachés à mon dossier CAF, ils sont nés en 02/2000 pour mon fils et en 01/2003 pour ma fille.

J’ai été déclarée inapte au travail et licenciée. J’étais serveuse en restauration traditionnelle. Au bout de 2 ans d’arrêt de travail j’ai été mise en invalidité (cat. 2) depuis le 1 avril 2014, je perçois donc une petite pension de 340.52 € . Je suis reconnue handicapée par la MDPH pour un taux supérieur à 50 % et inférieur à 80 %, depuis 2014 on m’a donc accordé l’AAH. Je n’ai pas droit à la PCH vu que mon taux et inférieur à 80 %. Mon AAH s’élève actuellement à 559.12 € pour cette année vu que les revenus de mon conjoint ont baissés pour l’année 2019 par rapport à 2018 où ils étaient supérieurs au plafond, ce qui à donc entrainé la suppression de mon AAH pour l’année 2020. Aujourd’hui je la re-perçois pour 2021 car les revenus de mon compagnon ont largement baissés et que notre 2ème enfant compte pour le quotient familial vu qu’elle n’a pas encore 20 ans. 

Mme Cluzel a dit que les couples ont 1/2 part supplémentaire pour le calcul de l’impôt sur le revenu mais c’est faux pour ceux qui ne sont pas liés fiscalement ! Même en concubinage on prend en compte les revenus du conjoint alors qu’il n’y a pas les mêmes avantages fiscaux. De plus, comme mon concubin est seul propriétaire de notre habitation il n’a droit à aucune exonération sur les taxes d’habitation et foncières puisque son revenu fiscal de référence est supérieur aux limites. C’est comme si on perdait des deux côtés.

Aujourd’hui je dois demander à mon compagnon si j’ai le droit de dépenser pour acheter telle ou telle chose, il assume pas mal de frais mais il n’a pas un salaire fixe chaque mois vu qu’il est indépendant et on doit faire attention à nos dépenses, nos enfants vivent à la maison et génèrent aussi des dépenses, mais comme ils sont majeurs nous n’avons plus droit à aucune aide de la CAF.

J’en ai marre de devoir demander de l’argent pour mes vêtements, mes loisirs, ou les soins qui me font du bien comme mes séances d’équithérapie ou d’ostéo, qui ne sont pas prises en charge par la sécu.

J’ai pensé fortement à me séparer, mais je ne peux pas vivre autrement que dans une maison individuelle à cause de ma dépression chronique. Je ne supporte pas de vivre en habitation collective, cela me déclenche de vives crises d’angoisse et de panique, et je ne me sens pas en sécurité dans ce genre d’habitat. De plus mes revenus ne me permettraient pas d’acheter une petite maison individuelle et je ne pourrais pas prétendre à un prêt de la banque de toute manière. Je souligne qu’en 2017 la maison de mon compagnon a pris feu, nous avons été relogés en maison jumelée et même là j’étais très mal mentalement. Heureusement nous avons eu la chance de trouver une nouvelle habitation individuelle adaptée aux personnes handicapées, car en plus d’être dépressive, je souffre de douleurs chroniques et de différentes pathologies dégénératives des articulations.

Avec mon compagnon nous nous disputons sans arrêt pour ça, on est au bord de la rupture et si je devais le faire ce serait définitivement. Ma vie ne vaux rien à ce jour et parfois j’ai envie d’en finir une bonne fois pour toute.

Je demande à ce que la loi sur la désolidarisation des revenus des conjoints passe à l’assemblé pour la raison suivante : je veux mon indépendance financière et retrouver de la sérénité.

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Sandrine : « Imaginez si je ne peux plus travailler. J’aurai l’impression de n’être qu’un boulet pour lui ! »

J’ai une RQTH* depuis peu pour un spina-bifida déclaré à ma naissance qui ne me posait jusqu’à maintenant pas de soucis dans mon travail. Il y a peu, prenant de l’âge, les symptômes se sont aggravés et m’empêchent d’assurer mon travail un certain nombre de jours par mois. Je me suis donc décidée à faire un dossier à la MDPH**. Alors même que je vais sûrement perdre sous peu mon emploi car il est incompatible avec mes soucis de santé (je travaille dans la restauration et je suis incontinente) je n’ai le droit ni à la PCH (pour mes changes complets pour adultes que je dois du coup payer de ma poche) ni à l’AAH car mon mari touche 1700€ par mois.

Cela fera donc environ 850 euros par personne et on pourrait être considéré encore comme gagnant trop ?

Je me sens dans une impasse, je travaille et participe à la vie du foyer mais plus pour très longtemps. Je vais peut-être perdre mon emploi en raison de mon état de santé qui se détériore, mon conjoint est déjà obligé de faire beaucoup d’heures supplémentaires pour combler mes arrêts de travail fréquents. Comment parviendrons-nous à boucler les fins de mois ?

Tout ça joue beaucoup sur mon moral, je suis parfois dans un état dépressif.

Imaginez si je ne peux plus travailler. J’aurai l’impression de n’être qu’un boulet pour lui qui n’a qu’un salaire de 1700 euros ! Je pense que ce sera compliqué de garder notre maison…

*RQTH = Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé

**MDPH = Maison départementale des personnes handicapées

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Patrice : « C’est elle qui me demande de lui acheter ce dont elle a besoin, et j’ai l’impression d’être son tuteur légal »

Je m’appelle Patrice, et j’ai rencontré Nathalie sur internet. Nathalie est handicapée à 80%, elle avait un travail aménagé dans un ESAT à Créteil. Elle percevait l’AAH à taux plein. Même si c’était compliqué, elle était relativement autonome. Elle allait en bus à son travail et faisait les courses pour ses enfants.

J’habite Aix en Provence, et au bout de quelques mois, on décide de vivre ensemble. Nathalie quitte tout pour s’installer avec moi. Suite à cela, comme je gagne ma vie correctement, Nathalie perd l’intégralité de son AAH et se retrouve sans ressource, complètement à ma charge.

Notre couple n’est pas à plaindre, mais…

j’ai la désagréable sensation d’être une sorte de despote éclairé. Je dois gérer tout ce qui la concerne, les achats de ses produits essentiels (vêtements, savon, dentifrice, serviettes hygiéniques…) C’est elle qui me demande de lui acheter ce dont elle a besoin, et j’ai l’impression d’être son tuteur légal, libre d’accepter ou de refuser selon mon bon plaisir.

Des fois, sa famille lui fait des cadeaux, et elle voudrait m’inviter au restau, et je refuse qu’elle dépense le peu d’argent qu’elle a, pour moi. Mais, je déteste ce rôle. Elle devrait pouvoir faire ce qu’elle veut.

Cela biaise notre relation, elle n’a plus aucune liberté. Ce qu’elle peut faire ou non dépend totalement de moi.

Tout cela induit une vraie relation de dépendance qui ne devrait pas exister. Et je trouve que cela impacte sa condition personnelle.

Elle ne sort quasiment plus, elle doit me demander pour aller quelque part.  Elle a perdu toute liberté.

C’est très bien que l’État aide les personnes qui ne peuvent pas travailler. Mais ça me révolte que ce même État ajoute une condition : «vivre seul».

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Marie : « Une vie bloquée sur pause »

Je touche l’AAH depuis 2008, après avoir été reconnue handicapée à plus de 80% par la MDPH à la suite d’un grave accident de voiture. Je ne peux plus travailler qu’un quart de temps, je suis donc bien consciente de la chance que j’ai d’être en France et de pouvoir bénéficier de cette aide sans laquelle je ne pourrais pas vivre.
Mais au niveau vie sentimentale c’est une autre histoire :

Je n’ai jamais pu m’installer officiellement avec un homme puisqu’à partir du moment où je vivrais sous le même toit qu’une personne du sexe
opposé gagnant 1800€ nets par mois, la CAF considérerait que c’est à cette personne de subvenir à mes besoins.

Pratique pour débuter une relation ! Tu m’aimes ? Tu es capable de voir au-delà de mon handicap et de vivre avec ? Ok, je vais vivre à tes crochets alors ! Adieu à ma dignité…

À 37 ans je n’ai donc toujours pas construit de foyer par peur de devenir complètement dépendante de mon conjoint. Je me sentirais redevable de cette personne et notre relation ne serait ni équilibrée ni heureuse.

Il est déjà difficile d’accepter d’avoir un handicap mais quand la société nous rappelle quasi-quotidiennement qu’on n’est finalement qu’un poids, c’est mission impossible. Bonne chance pour trouver le bonheur et avoir un minimum d’estime de soi !

Je rêve que l’AAH soit enfin déconjugalisée !

Depuis que j’en dépends, j’ai l’impression que ma vie a été mise sur pause : je ne peux pas construire de famille, je ne peux pas avancer « normalement » avec un partenaire. Alors que les années, elles, défilent !

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Pauline : « Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière. »

Je me présente Pauline 26 ans, je suis atteinte d’un handicap moteur de naissance.

Aujourd’hui,

malgré ma détermination et mon acharnement pour trouver un emploi dans mon domaine, rien n’y fait,

sauf quand je ne mentionne pas que j’ai une RQTH*, je ne suis pas prise en entretien. Mais voilà, mon handicap reste visible et je ne peux le cacher bien longtemps. 

Je fais face à beaucoup de préjugés et pour trouver un emploi, c’est compliqué.

Aujourd’hui, malgré mon BTS, je me suis résignée à faire une demande à la MDPH pour travailler en ESAT** : pour pouvoir avoir une chance de ne dépendre financièrement de personne. Malheureusement, le temps d’attente est très long pour avoir un poste de travail en ESAT.

Aujourd’hui, je vis en concubinage avec mon ami depuis septembre 2018. J’étais très heureuse, car la MDPH venait à cette époque, après un long combat, d’accepter ma demande d’AAH : Nous pouvions enfin vivre ensemble !

Sauf que du jour au lendemain, j’ai vu mon AAH fondre comme neige au soleil et aujourd’hui je me retrouve quasiment dépendante de lui, ce qui entraîne de nombreuses disputes.

Je trouve ça injuste car mon handicap, il ne devrait pas le subir.

Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière.

* RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé.

** ESAT : Établissement et Service d’Aide par le Travail.

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Lætitia : « Vivre sereinement et être libre de mes choix »

J’ai un handicap à 80 % depuis 10 ans. Je ne travaille plus malheureusement. Je ne touche pas l’AAH car mon mari perçoit une allocation « travailleur de l’amiante » depuis 2018. Je n’ai aucune ressource, je suis à sa charge, je n’ai plus de plaisir personnel car je me sens obligée de lui demander de l’argent. Pour moi, ce n’est pas une vie, je trouve ça injuste !

Le handicap en lui-même est compliqué, mais devoir être toujours à demander de l’argent, c’est usant !

Même si mon mari ne le perçoit pas comme moi, je me sens redevable tous les jours.

Je ne demande pas des millions, mais un minimum pour vivre sereinement et pour être libre de mes choix.