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Témoignage écrit

« Ce calcul […] fait également des morts.»

Avec mon ancienne compagne titulaire de l’AAH, nous étions ensemble depuis deux ans. Elle était atteinte de sclérose en plaques. Maladie qui ne guérit pas et qui est dégénérative.Elle est tombée enceinte en 2010 alors que nous venions d’emménager ensemble. Nous avons alors déclaré la grossesse à la CAF. 
CAF qui nous a alors demandé depuis combien de temps nous étions ensemble.

Nous n’étions pas au courant de leur calcul et n’avions d’ailleurs aucune velléité de frauder. Nous avons donc répondu à leur demandes en toute transparence.

C’est alors que nous est tombée la nouvelle. Avec mes revenus de plus de 1500€ par mois, nous avions un trop perçu de plus de 4000€ sur seulement deux ans. Somme qui a été reportée à 2500€ suite à un courrier à la commission de recours amiable de la CAF où nous avons expliqué ne pas être au courant de ce calcul même si nous n’habitions pas à la même adresse et que notre intention n’était absolument pas de frauder. 
Quoi qu’il en soit, le calcul de l’AAH de ma compagne a été révisé de 700€ à 420€ auxquels on devait enlever 100€ par mois pour remboursement du trop perçu. Avec notre nouveau logement et la naissance de notre fille, cela faisait un trou de près de 400€ dans notre budget. Nous n’arrivions plus à payer un loyer de 800€ par mois. 
En plus, et il est important de le savoir, lorsque ma compagne était hospitalisée pendant plus d’un mois, en rapport avec sa pathologie, l’AAH ne lui était plus du tout versée.

C’est la règle, lorsque l’on est hospitalisé, on ne touche plus l’AAH.

D’ailleurs, ayant moi même fréquenté les hôpitaux psychiatriques, j’en ai connu plus d’un qui me disait que lorsqu’il allait sortir, il se retrouverait SDF. C’est malheureusement le cas de beaucoup de patients psychiatriques qui généralement ont des longues hospitalisations. L’AAH n’est plus versée, le loyer n’est plus payé pendant plusieurs mois et le patient se retrouve expulsé. 
Je n’arrivais plus à payer le loyer et nous nous sommes finalement séparés car entre temps notre fille a été placée, vu que les services sociaux estimaient que nous n’avions pas l’équilibre moral et financier pour assumer notre enfant. 
En nous séparant, ma compagne récupérait la totalité de son AAH et pouvait désormais toucher les APL, dont nous étions privés jusqu’alors en raison de mes revenus. J’ai donc déménagé et nous avions des visites à domicile alternées avec ma fille.
Ma compagne, qui était déjà fragile psychologiquement, a été hospitalisée en psychiatrie pour une longue durée et a perdu l’appartement. Elle a mis fin à ses jours le 29 aout 2017 dans l’unité psychiatrique où elle était hospitalisée.

Ce calcul est injuste et des plus inégalitaires ! Il ne produit pas que des pauvres ou des SDF. Il fait également des morts.

Il est temps que l’Assemblée Nationale vote pour la déconjugalisation de l’AAH pour que le peu de dignité qu’il reste aux personnes handicapées soit maintenu. Les handicapés sont suffisamment dévalorisés et, trop souvent, des pathologies somatiques débouchent sur des pathologies psychiatriques. Mésestime de soi, l’impression d’être un poids pour la société. Quels que soient les revenus du conjoint, le handicap reste le même.Pour ma part, ayant fortement pâti psychologiquement de ces évènements, je me suis retrouvé dans l’incapacité de travailler et me suis mis en invalidité catégorie II et touche désormais une pension d’invalidité qui, je tiens à le préciser, provient des caisses de la CPAM et non des caisses de l’état comme c’est le cas pour la CAF.
Je suis maintenant en couple avec une personne touchant également l’AAH et nous avons décidé d’un commun accord que nous ne pouvions pas vivre ensemble dans le même foyer. Nous avons donc chacun notre logement où nous élevons nos enfants respectifs.

Nous aimerions bien un jour officialiser cette union par un mariage ou un PACS. Chose actuellement  non envisageable. Ma compagne ne souhaite pas perdre son AAH. 


Pour ma pension d’invalidité, c’est un droit propre, elle n’est pas soumise aux revenus du conjoint. Il serait grand temps que ce soit de même pour l’AAH.

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Témoignage écrit

Christian : « Mon conjoint et moi on a failli se quitter plusieurs fois, on en est même venu à se battre. »

Bonjour, je m’appelle Christian et mon conjoint Olivier. En décembre 2019 j’ai déclaré mon conjoint, conséquence début janvier la CAF m’a coupé mes droits pendant 5 mois. J’ai fait 3 tentatives de suicide car j’ai failli perdre mon appartement et j’ai été convoqué devant le juge. J’ai fait un dossier de surendettement car trop de dettes. J’ai vendu ma télévision.

Je ne touche plus que 324€ et la CAF me prend 631€ pour payer la dette d’être en couple…

Je suis malade depuis l’âge de 15 ans, je fais de la psychose qui s’aggrave. À ce jour la CAF continue de me prendre 631€ bien que je sois à la banque de France.

Mon conjoint et moi on a failli se quitter plusieurs fois, on en est même venu à se battre car c’est très compliqué. Pendant le confinement il fallait que l’on vole des légumes pour survivre. C’était très dur, sans compter les courriers des dettes qui n’en finissaient plus…

à ce jour c’est toujours compliqué.

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Karine : « Avec mon compagnon nous nous disputons sans arrêt pour ça, on est au bord de la rupture… »

Bonjour, je m’appelle Karine, j’ai 53 ans. Je suis en vie maritale (concubinage) depuis le 1 janvier 1988. Mon concubin a une activité non salariée il est agent immobilier indépendant dans une petite ville depuis le 28 août 2005. Nous avons 2 enfants rattachés à mon dossier CAF, ils sont nés en 02/2000 pour mon fils et en 01/2003 pour ma fille.

J’ai été déclarée inapte au travail et licenciée. J’étais serveuse en restauration traditionnelle. Au bout de 2 ans d’arrêt de travail j’ai été mise en invalidité (cat. 2) depuis le 1 avril 2014, je perçois donc une petite pension de 340.52 € . Je suis reconnue handicapée par la MDPH pour un taux supérieur à 50 % et inférieur à 80 %, depuis 2014 on m’a donc accordé l’AAH. Je n’ai pas droit à la PCH vu que mon taux et inférieur à 80 %. Mon AAH s’élève actuellement à 559.12 € pour cette année vu que les revenus de mon conjoint ont baissés pour l’année 2019 par rapport à 2018 où ils étaient supérieurs au plafond, ce qui à donc entrainé la suppression de mon AAH pour l’année 2020. Aujourd’hui je la re-perçois pour 2021 car les revenus de mon compagnon ont largement baissés et que notre 2ème enfant compte pour le quotient familial vu qu’elle n’a pas encore 20 ans. 

Mme Cluzel a dit que les couples ont 1/2 part supplémentaire pour le calcul de l’impôt sur le revenu mais c’est faux pour ceux qui ne sont pas liés fiscalement ! Même en concubinage on prend en compte les revenus du conjoint alors qu’il n’y a pas les mêmes avantages fiscaux. De plus, comme mon concubin est seul propriétaire de notre habitation il n’a droit à aucune exonération sur les taxes d’habitation et foncières puisque son revenu fiscal de référence est supérieur aux limites. C’est comme si on perdait des deux côtés.

Aujourd’hui je dois demander à mon compagnon si j’ai le droit de dépenser pour acheter telle ou telle chose, il assume pas mal de frais mais il n’a pas un salaire fixe chaque mois vu qu’il est indépendant et on doit faire attention à nos dépenses, nos enfants vivent à la maison et génèrent aussi des dépenses, mais comme ils sont majeurs nous n’avons plus droit à aucune aide de la CAF.

J’en ai marre de devoir demander de l’argent pour mes vêtements, mes loisirs, ou les soins qui me font du bien comme mes séances d’équithérapie ou d’ostéo, qui ne sont pas prises en charge par la sécu.

J’ai pensé fortement à me séparer, mais je ne peux pas vivre autrement que dans une maison individuelle à cause de ma dépression chronique. Je ne supporte pas de vivre en habitation collective, cela me déclenche de vives crises d’angoisse et de panique, et je ne me sens pas en sécurité dans ce genre d’habitat. De plus mes revenus ne me permettraient pas d’acheter une petite maison individuelle et je ne pourrais pas prétendre à un prêt de la banque de toute manière. Je souligne qu’en 2017 la maison de mon compagnon a pris feu, nous avons été relogés en maison jumelée et même là j’étais très mal mentalement. Heureusement nous avons eu la chance de trouver une nouvelle habitation individuelle adaptée aux personnes handicapées, car en plus d’être dépressive, je souffre de douleurs chroniques et de différentes pathologies dégénératives des articulations.

Avec mon compagnon nous nous disputons sans arrêt pour ça, on est au bord de la rupture et si je devais le faire ce serait définitivement. Ma vie ne vaux rien à ce jour et parfois j’ai envie d’en finir une bonne fois pour toute.

Je demande à ce que la loi sur la désolidarisation des revenus des conjoints passe à l’assemblé pour la raison suivante : je veux mon indépendance financière et retrouver de la sérénité.