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Coralie : « Je fais le choix de faire une croix sur une « vie de famille »… »

Je suis une femme de 30 ans, j’ai l’AAH depuis mes 18 ans, car je suis née avec de gros soucis de santé. 

Je n’ai jamais pu vivre avec un homme par crainte que l’on me coupe mes droits et de vivre aux crochets de quelqu’un. Ayant un enfant à ma charge je me refuse de vivre sur le salaire de quiconque, sachant que je sais à quel point cela pourrait être une souffrance supplémentaire de se faire humilier. Comme quoi je ne ramène aucun salaire, que je ne sers à rien, d’être « soumise » à son partenaire, car ce sera lui qui aura le pouvoir sur tout.  Je refuse d’être dépendante financièrement d’un homme.  Du coup, je fais le choix de rester seule avec mon fils.

Je fais le choix de faire une croix sur une « vie de famille », car c’est le seul moyen pour subvenir moi-même aux besoins de mon fils et de garder ma dignité. 

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Alexis : « Je m’interdirai de vivre sous le même toit !»

J’ai vécu  beaucoup galères de vie et de travail depuis mon plus jeune âge. J’ai vécu en couple dix ans, avec une femme paraplégique. Bien entendu, on m’a supprimé les aides que j’avais. Bien que reconnu travailleur handicapé sans que cela ne se voit.

Pendant quelques années, j’ai conduit et accompagné des personnes handicapées pour des associations et entreprises privées. Tout cet ensemble de rencontres et de vies m’a ouvert ma vision sur les différents handicaps et âges existants dans notre société actuelle.

Depuis quelques années, j’effectue les démarches nécessaires pour obtenir l’AAH, et à côté, j’ai un petit job à responsabilités. Aujourd’hui je suis célibataire, mais le jour où j’aurai de nouveau une amoureuse, je m’interdirai de vivre sous le même toit !

Je n’ai pas le choix, pour maintenir mon équilibre personnel et financier de travailleur précaire.Voilà à quoi je suis condamné, solitude à perpète : jusqu’à la fin de ma vie.

Peut être que c’est ça la France, bien compliquée et prise de tête, malgré un beau pays et des personnes formidables.

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« Nous avons fini par rompre, une rupture douloureuse et subie. »

Je suis titulaire de l’AAH, et j’ai deux filles.
Par le passé, j’ai rencontré un homme.  Il est devenu mon compagnon. Nous voulions faire notre vie ensemble et vivre ensemble sous le même toit avec mes enfants et ses deux enfants. 

Mais quand j’ai su que mon AAH serait supprimée totalement si nous nous installions ensemble, nous avons renoncé.  Nous avons fini par rompre, une rupture douloureuse et subie.

Il travaillait pour un salaire de  2500 euros. Imaginez vous vivre à  6 avec 2500 euros ? Impossible.  

Voilà le prix de l’amour… Je ne veux être redevable de personne !

C’est comme si pour un foyer normal, le salaire d’une personne ne devrait pas dépasser un plafond en fonction du salaire de l’autre ! 

Pour moi aujourd’hui, être handicapée signifie d’être  rejetée par la société :

  • Pas le droit de vivre en couple avec dignité et indépendance,
  • Difficile de trouver du travail, 
  • Impossible d’investir, 
  • Difficile de trouver un logement.  

Aujourd’hui je vis seule avec ma fille majeure, la plus grande fait sa vie… Que se passera-t-il quand elle aura 20 ans ? Que se passera-t-il si elle travaille et reste avec moi pour m’aider ? Je ne le sais même pas…

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Aude : « Vivre est réservé à ceux qui travaillent ! »

Je suis en colère ce matin. Je ne comprendrai jamais pourquoi, chez un couple lambda qui travaille, on ne leur supprime pas l’un des deux salaires ! Parce qu’au fond c’est ce qu’ils font avec nous ! À moins que l’État considère que le handicap, c’est la belle vie et l’AAH de l’argent de poche…

Je ne comprendrai jamais leurs arguments alors je vais faire une mise au point.

Mon handicap, c’est un traitement très lourd contre la douleur qui n’est pas magique. Il ne me permet pas de marcher, de danser, de faire la fête, d’utiliser mon temps libre volé à la société pour vivre la belle vie. À cause de lui je dors 15h par jour pour une efficacité qui est loin d’être miraculeuse. La douleur est toujours là en permanence, 40/10 en période de crise neuropathiques et cela depuis 13 ans sans une journée de répit. J’ai deux heures de kiné à domicile par semaine + une heure d’activité physique adaptée par jour (ça c’est moi qui me l’impose pour ne pas me laisser rouiller par l’arthrose). Une psychologue tous les jeudis. Un infirmier tous les jours sans compter les rendez-vous à l’hôpital. 
Je ne me fais aucune illusion, je mourrai jeune. Le traitement que je prends est dangereux pour le cœur, affecte ma mémoire et mes problèmes d’équilibre peuvent entraîner un accident domestique à chaque instant. J’ai subi une sleeve pour que ma vie alitée ne me fasse pas prendre trop de poids. J’ai décidé ça le jour où je suis arrivée à 124 kg. Aujourd’hui je stagne autour de 100kg et surtout je ne grossis plus. Je dois me satisfaire de ça.

Avant l’erreur médicale qui m’a clouée au lit et parfois dans un fauteuil, j’avais une magnifique fille de 17 ans qui s’est suicidée alors que j’étais à l’hôpital. J’avais un boulot de rêve, je pesais 80 kg et j’avais un amant et des tas d’amis. Cette vie a entièrement disparue. Est-ce que c’est ce que je souhaitais ? Traîner au lit toute la journée devant la télé ? Évidemment que non. C’est à devenir folle.

Ma chambre est au rez-de-chaussée de mon immeuble. La fenêtre de ma chambre donne directement sur un parking, dès que j’ouvre ma fenêtre je respire les gaz d’échappement. Les voitures sont comme garées dans ma chambre, je peux les toucher de ma fenêtre. Je suis devenue asthmatique. Et ils appellent ça un appartement adapté.

Il n’y a aucun moyen d’y faire entrer mon fauteuil électrique pour le charger sans condamner l’accès à la salle de bain! Les courses : 10€ par semaine de frais de livraison, parce que par temps de pandémie je ne mettrai pas les pieds dans un supermarché et moi, les petits commerçants, je n’ai pas les moyens. Petit rappel : je vis avec 903,40€ par mois. Je paye 123 € d’électricité sans chauffer même l’hiver. 165€ de loyer (Caf déduite), 121€ d’assurance voiture. Sans compter la box, l’eau, le carburant, le téléphone portable, quelques vêtements bon marché une fois par an et bien sûr l’alimentaire, les produits d’entretien, d’hygiène et la literie que je dois changer tous les ans (eh oui quand on passe sa vie alitée).
Être handicapée c’est avoir mal en permanence, toujours entourée de personnels médical, une assistante de vie tous les jours, les amis qui s’éloignent ou vous reprochent votre condition sans même s’en rendre compte (où qu’on aille il faut que ce soit accessible, c’est pénible), une vie sociale réduite à néant, l’angoisse de mourir seule chez moi, l’angoisse que la machine à laver tombe en panne, et pour couronner le tout, aucune chance de rêver à une vie commune. Pas folle la guêpe la maltraitance en couple, j’ai connu, plus jamais ! Ce seul petit espoir, on me l’a retiré des mains avec des arguments indignes, des arguments qui ont plus de 40 ans ! J’en ai marre, là je craque. 

Si on me laissait mon AAH en couple, je serais maîtresse de ma vie comme aujourd’hui, à cette différence près que je me sentirais le droit de tomber amoureuse.

Pour le moment et jusqu’à ce que les choses changent, que les vieilles lois patriarcales de 45 ans d’âge ne m’obligent pas à accepter l’inacceptable en 2021, jamais je ne deviendrai dépendante d’un homme de toutes les façons possibles.

Vous m’avez eu ! J’ai plus la force de me battre contre vous. De l’énergie, j’en ai juste assez pour survivre ! Vous vous êtes permis de toucher à mon espoir de vivre !

Voilà ce que le gouvernement veut que l’on comprenne ? 
« Madame, survivez, ne vivez pas, vivre est réservé à ceux qui travaillent, à ceux qui ne souffrent pas ou pas assez pour ne plus pouvoir travailler ! Vous, vous pesez lourd sur la société, vous ne lui servez à rien, pourquoi on vous donnerait de quoi avoir le droit, la possibilité d’être heureuse ? »

Ça coûterait si peu cher de rendre la dignité aux 200 000 handicapés en couple. Ça vous coûterait quoi de nous donner le droit au rêve au delà de la souffrance et du travail à temps plein, jour et nuit qu’est le handicap.

Vous rendez-vous compte qu’on vous demande le droit de vivre?

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Sabrine : « Je n’arrive pas à me projeter dans la vie avec quelqu’un, car je sais que si je suis en couple mon AAH saute »

Bonjour, je m’appelle Sabrine. J’ai l’AAH depuis 25 ans suite à un accident de la circulation en moto où j’étais passagère. J’ai eu pas mal de séquelles et c’est pour cela que je suis handicapée et que je touche l’AAH. Je n’arrive pas à me projeter dans la vie avec quelqu’un, car je sais que si je suis en couple mon AAH saute.

J’ai déjà assez de difficultés à me reconstruire, je ne veux pas entraîner un éventuel ami dans mes problèmes financier et lui demander de financer mes dépenses quotidiennes tout en ayant à me justifier.

J’estime qu’il n’y serait pour rien dans mes problèmes. J’estime avoir le droit d’avoir un minimum pour vivre sans devoir me justifier, alors oui je reste et vis toute seule car je ne vois pas l’avenir à deux. Je verrais autrement si on pouvait garder l’AAH. Voilà mon histoire…