Témoigner… revenir et écrire sur sa vie d’avant, d’aujourd’hui… mais surtout celle que l’on ne veut plus demain ! Exercice synonyme de douleurs (encore) mais aussi porteur d’espoir. J’ai 53 ans, j’ai 4 enfants, 2 encore à la maison qui ont 15 et 20 ans. Divorcée depuis 3 ans, séparée depuis 5 ans. Je touche l’AAH à taux plein depuis 4 ans et 6 mois.
Au début je travaillais encore, puis j’ai réduit… »Tu travailles pour rien… », « Tes frais d’essence ne sont même pas couverts par ton salaire »… »Tu as vu ce qu’on paye de cantine pour que tu ailles bosser », etc… Énumérer est trop difficile pour moi. Et puis un jour malgré un énième « Mais ma pauvre… regarde-toi, tu as 4 enfants, tu as mal partout, tu n’es plus toute jeune, pas un centime, sans moi t’as rien… » je lui ai dit STOP. FINI.
Il ne mettait de la nourriture dans le frigo que pour nos enfants. J’ai tenu, à aucun moment je n’ai cédé, comme je l’avais si souvent fait auparavant, par peur… La peur m’avait définitivement quittée.
Mais trouver un logement ! « Mais, Madame vous n’avez qu’une allocation, ce n’est pas pérenne… ça peut s’arrêter du jour au lendemain… ». Et oui, parce qu’en plus de la souffrance, du manque de vie sociale, du deuil de celle que vous étiez avant, de la nouvelle vie qu’il faut apprivoiser, accepter, il faut aussi que tous les 2 ans, 3 ans – ou plus c’est selon – que vous justifiez auprès de la MDPH de votre handicap, que vous leur VENDIEZ votre handicap et vos douleurs…
Mon dernier fils a besoin de soins psy, que je paye, seule… Je quémande tous les mois une pension alimentaire, leur père ne les prend jamais. Les soins de mon fils restent la priorité. Donc les miens passent en second voir troisième plan. Adieu sophro, ostéo, yoga… juste kiné deux fois par semaine…
Je me suis reconstruite, un peu, je suis abîmée, à vie, je le sais. Même si je suis capable de bonheur. J’ai un amoureux depuis 3 ans, j’ai cette chance, un homme d’une intelligence, d’une patience, d’une écoute sans pareille…. mais nous ne sommes pas un couple « normal ».
Aucun d’entre nous ne mérite cette double peine… il est temps que les choses changent, évoluent ! Quelle image donnons nous à nos enfants, futurs citoyens de ce qu’est la loi, l’acceptation de la différence ?
Force et courage, nous en avons, physiquement souvent moins que les autres mais notre cerveau et notre volonté est intacte ! Ensemble, on y arrivera !