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Sandra : « J’ai honte de devoir dépendre de mon mari mais à cause de ma santé je ne peux plus travailler »

Je m’appelle Sandra. Je me suis mariée en mai 2018. J’ai 46 ans et mon mari 57 ans. J’ai été reconnue handicapée par la mdph en 2018. On m’a attribué l’AAH, la carte pour stationnement handicapé et une carte prioritaire pour posture debout pénible. Mon mari est en invalidité depuis 2010. J’ai différentes maladies auto-immunes. Depuis 2012 j’ai un lourd suivi médical.

J’ai honte de devoir dépendre de mon mari….. A cause de ma santé je ne peux plus travailler… Mon mari non plus, il a un cancer…. Nos vies ont basculé du jour au lendemain, avec mes maladies je ne peux plus faire les gestes du quotidien… mais je dois quand même m’occuper de lui, heureusement que notre amour est fort. Je prend beaucoup sur moi, et j’oublie mes maladies.

Avec la loi actuelle l’amour a un prix… le prix de subvenir à mes besoins avec sa pension d’invalidité ! La CAF me donne environ 700 euros… Nous avons 2 ados… C’est difficile pour toutes les personnes dans mon cas hommes, ou femmes. Je souhaite de tout cœur que l’assemblée nationale accepte cette loi, pour que tous les couples puissent vivre dignement.

Je voudrais dire que beaucoup de personnes ne sont pas libre de vivre ensemble par amour…. Et pourquoi ?  À cause de cette loi
Ils n’ont pas le choix de vivre ensemble, par amour, car la personne qui a un  handicap perdra son AAH……

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Élodie : « Mon homme est obligé d’acheter mes petites culottes, mes garnitures périodiques etc. »

Je suis handicapée à plus de 80 % et en incapacité totale et permanente à la conduite et à une reprise d’emploi. J’étais déjà auparavant en RQTH et suite à deux AVC, dont le premier a eu lieu sur mon lieu de travail et qui m’a valu d’être licenciée à ma sortie des soins intensifs… j’ai dû digérer qu’en plus de mon handicap j’étais désormais dépendante physiquement…

Suite à la naissance de notre enfant, mon conjoint a été rattaché et j’ai perdu mon AAH. Je n’ai désormais plus que 500 € de pension d’invalidité par mois et mon compte est en situation financière fragile. 

Je suis devenue dépendante financièrement de mon conjoint et à sa charge… Nous avons une bouche de plus à nourrir, et moins de ressources qu’avant. 

Je dois demander à mon conjoint pour toute dépense, vu mes faibles finances… mon homme est obligé d’acheter mes petites culottes, mes garnitures périodiques, etc… même en aimant et en se sachant respectée… On se sent honteux de devoir demander et ramené au statut d’un enfant…

J’ai l’impression d’être sous tutelle.
Voilà pour mon témoignage. 

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Mélanie : «Je me sens mal, honteuse…»

J’ai un taux d’invalidité entre 50%et 79% et j’ai le statut de travailleuse handicapée. Je souffre d’une maladie de Verneuil (maladie orpheline) qui est très très douloureuse et handicapante.

Je touchais la AAH jusqu’à ce mois-ci. Un de mes deux enfants vient d’avoir 20 ans et j’ai eu la surprise d’apprendre, sur mon compte Caf, que mon AAH  me sera coupée pour le mois d’avril et pour toujours ! En effet, mon fils a eu 20 ans donc la Caf ne le considère plus comme enfant à charge même s’il est étudiant et vit toujours à la maison. Et donc, le salaire de 2000 euros de mon mari suffit, selon la Caf, pour vivre à 4 personnes.

Je ne touchais que 300 euros d’AAH, en prenant en compte le salaire de mon mari. Cela me permettait d’avoir un peu d’argent pour participer aux frais de la maison, mais cela était déjà compliqué. Maintenant, je vais me retrouver avec aucun revenu et je ne sais pas comment nous allons faire pour vivre à 4 personnes sur le salaire de mon homme.

Déjà que je me sentais mal de ne pas pouvoir travailler à cause de ma maladie, cela va être pire pour moi qui vais devoir dépendre entièrement de mon homme financièrement. Il m’aide avec mon handicap, il m’aide à me laver, à m’habiller, fait le ménage et à manger etc… Et maintenant il devra en plus m’entretenir financièrement, je me sens mal d’avance, honteuse et j’ai l’impression de ne servir à rien à part être un boulet pour lui.

J’espère vraiment que les députés vont approuver cette loi. Ils devraient se mettre à notre place, personne n’est à l’abri, même pas eux.

Je préférerais aller travailler et de ne pas avoir cette maladie qui me bouffe la vie chaque jour et surtout qui abime tout mon corps et qui me fatigue. J’espère vraiment qu’ils feront le bon choix…

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Cécile : « Je me sens inférieure car je n’apporte aucune entrée financière. »

 J’ai longtemps hésité à écrire sur ce sujet dont finalement j’ai honte, alors que j’en suis pourtant victime. Être malade et souffrir d’un handicap, je ne l’ai bien évidemment pas choisi.

Depuis toujours, j’ai appris à grandir en gardant les poings serrés. Se battre contre la souffrance, la douleur, la différence, les préjugés. Tout cela n’est pas facile. Avancer encore, garder la tête haute, et trouver sa place dans la société n’est pas toujours chose aisée lorsqu’on n’entre pas tout à fait dans les cases. Lorsqu’on ne correspond pas vraiment aux « normes ». Battante, souriante, et malgré la maladie qui me ronge année après année, un petit bout de femme plein de détermination, voilà ce que j’étais durant les 24 premières années de ma vie.

L’amour est une chance. Un formidable cadeau. Une force supplémentaire qui vous soulève et vous permet quelques fois de déplacer des montagnes. Ce bonheur, malgré le handicap, les obstacles du quotidien, le combat pour la vie quand la maladie vous étrangle, je l’ai pris comme une chance inespérée. 

En épousant l’homme que j’aime, j’étais loin de me douter que cela représenterait d’énormes difficultés financières.

J’ai rempli les documents. J’ai signalé mon changement de situation. J’ai fourni les pièces justificatives. Et j’ai reçu ce courrier m’annonçant que l’AAH ne me serait plus accordée, car mon époux avait un salaire qui dépassait les plafonds fixés pour pouvoir prétendre à obtenir une quelconque allocation.

Du jour au lendemain, je suis devenue dépendante. C’est comme si au moment où je prenais pleinement mon envol dans cette nouvelle vie à deux, on me tirait une balle en plein ciel. La chute fut vertigineuse… Depuis que je suis mariée, je vis exclusivement grâce au salaire de mon mari. Je me sens honteuse et prisonnière de cette situation. J’ai perdu une forme de liberté et d’autonomie. J’ai le sentiment d’être financièrement un boulet aux chevilles de notre couple.

Je ne perçois pas d’AAH. Chaque dépense réalisée dans la vie de tous les jours est prélevée sur l’argent que lui seul ramène grâce à son emploi. Je me sens inférieure car je n’apporte aucune entrée financière, et j’ai davantage encore cette culpabilité d’être malade bien ancrée dans la poitrine. Je paye le prix de ne pas pouvoir travailler, de ne servir à rien. Et je fais bien malgré moi payer le prix à mon mari d’être tombé amoureux d’une jeune femme handicapée car je nous enfonce financièrement.

Quand je dois faire une dépense, même pour un simple cadeau d’anniversaire, je dois puiser sur ce que j’estime être l’argent de mon mari. Mon mari finance tout à lui tout seul puisque lui seul gagne de l’argent. Pour tout achat, j’ai la place de celle qui dépense, et qui doit systématiquement demander à son conjoint si elle a son « autorisation ».

Je ne suis pas dépensière, mais c’est profondément humiliant de devoir toujours demander l’accord à la personne avec qui l’on vit de puiser sur ses finances. On ne peut pas partager les frais. C’est toujours mon époux qui paye. Cela peut créer des tensions par moments, et des disputes blessantes.

Au lieu d’avancer sereinement dans cette nouvelle vie, voilà bientôt onze ans que je suis devenue totalement dépendante de mon mari. C’est une situation très douloureuse et humiliante même si je l’aime de tout mon cœur.

Je veux être son épouse, pas un boulet financier. Je ne veux plus entendre : « Je te rappelle que l’on a que mon salaire. Sans moi, on ne pourrait pas ceci, ou cela… ».

Je ne veux plus avoir honte de dire « Il faut que je demande à mon mari si je peux acheter cet article car moi je n’ai pas d’argent ».