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« Merci de détruire nos rêves, merci de détruire nos vies, merci de détruire notre amour ! »

Je touche  l’AAH suite à un accident grave de parapente, des douleurs quotidiennes m’empêchant de tenir une position statique assise/debout/couché plus d’une heure et beaucoup d’antidouleur de palier 3 m’empêchant de me concentrer, donc impossible de travailler dans ces conditions. Avant de décider de nous mettre en couple, j’ai appelé la CAF pour savoir combien je perdrais d’AAH, ils n’ont JAMAIS VOULU ME DONNER CETTE INFORMATION ! 

Leur réponse : « Ce n’est pas le montant de vos aides qui doit décider de votre situation familiale ».

Durant 2 mois j’ai téléphoné, fait des mails, des courriers y compris à la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales) et je n’ai jamais eu de réponse !

Nous avons alors décidé d’avancer malgré tout, par amour et à cause de mon état de santé qui se dégrade… La suite vous la connaissez, la CAF supprime totalement mon AAH car mon amie touche 200€ de trop par rapport au plafond annuel ridiculement bas de 19 650€ pour 2. Nous nous étions pacsés, avons signé chez le notaire pour l’achat d’une maison en commun, revendu nos 2 maisons, et tout cela doit être annulé à cause de la CAF, c’est réellement la descente aux enfers !

Nous perdons tout, mais nous n’avons pas le choix. Soit nous perdons tout, soit on nous supprime tout… C’est ça le système de l’AAH…

Je n’ai pas de mots assez forts pour exprimer ma tristesse, mon dégout…
Résumé d’échanges avec la CAF au sujet de l’AAH :    

– Moi : « Bonjour, je suis titulaire de l’AAH, mais mon état de santé s’aggravant, les taches de la vie quotidienne sont très difficiles, mon amie étant infirmière, pour m’aider et bien sûr, par amour, nous avons pris la décision de vivre ensemble à partir d’aout 2021, nous vendons nos 2 maisons pour en acheter une en commun à cette adresse : *****. »
– Réponse de la CAF : « Nous avons bien pris note de votre changement de situation et aux vues des revenus de votre compagne,

nous vous supprimons immédiatement et totalement votre AAH

et comme vous êtes pacsés le mois dernier, vous nous devez 1804€ (AAH Mai/juin) »
– Moi : « Merci de ne pas avoir voulu me le dire dit quand j’ai téléphoné pour avoir cette précieuse information ! Ne pouvant pas travailler, je ne peux donc plus payer mes médicaments, mes consultations au médecin (car je n’ai pas de mutuelle et pas les moyens d’en avoir une, (car étant à l’AAH visiblement je gagne « TROP » pour avoir la CMU), plus payer ma nourriture, donc à part aller faire la manche dans la rue, nous sommes donc dans l’obligation de revendre notre maison alors que nous n’avons même pas encore emménagé pour vivre à nouveau séparément ! (et avoir perdu beaucoup d’argent entre temps !)

Merci de détruire nos rêves, merci de détruire nos vies, merci de détruire notre amour ! Et ça dit être un organisme « SOCIAL » ?! Je ne vois aucune humanité dans cela… Quelle honte…

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Marie : « On s’aime, mais on est obligés de rester célibataires…»

J’ai un petit ami depuis 11 ans. Notre rêve serait de vivre ensemble et de nous marier. Mais c’est impossible  car si je vis avec lui, il sera obligé de payer toutes mes charges ! Prêt auto, assurance auto, soins dus à mon handicap, non remboursés entièrement par la sécu. Sans oublier le gasoil, les vêtements et les petits plaisirs de la vie. Je vis avec l’AAH et je peux garantir que c’est tout juste. Mon petit ami a lui aussi ses charges.

Si nous vivons ensemble et que l’on me supprime mon allocation, notre situation financière serait catastrophique !

Alors on reste chacun chez soi. C’est triste, on a plus de 50 ans tous les deux, on s’aime, mais on est obligés de rester célibataires. C’est pas juste.

C’est déjà difficile de vivre avec un handicap, on est condamné aussi à vivre seul. On ne l’a pas choisi. On s’aime en cachette.

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Marianne : « Le bel oiseau s’envole au son du chant de l’AAH !»

Comme toutes les personnes reconnues handicapées je viens à mon tour témoigner de ma vie de solo forcée ! Reconnue invalide complétée par l’AAH, à 59 ans, la solitude fait partie du quotidien car

la dépendance financière fait fuir le futur « compagnon  » et le bel oiseau s’envole au son du chant de l’AAH ! 

Qui n’a jamais rêvé troquer sa vie de solo pour une vie de couple ? Et pourtant ce rêve nous est refusé ! C’est inadmissible et inacceptable au 21ème siècle ! Choisir entre l’Amour et la dépendance financière c’est exclure les personnes handicapés de la société alors qu’elles en font partie !

Seuls les parents ont la charge financière de leurs enfants handicapés ce n’est pas le rôle du (futur) conjoint / compagnon !

Rendez nous notre dignité et autorisez nous à vivre heureux, à sortir de cette solitude imposée !

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Irma : «Mon droit à l’AAH n’existe que sur le papier.»

La dépendance heureuse.  Ah, mais tu es heureuse, alors, tout va bien, c’est l’essentiel …
À 51 ans, atteinte de Polyarthrite Rhumatoïde depuis l’âge de 14 ans, je ne me souviens plus du tout de ce que c’est de passer 24h sans douleur. Je ne vais pas dire que cette maladie m’a tout pris, car ce serait mentir, mais c’est certain, elle m’a volé mes rêves de jeunesse : rêve d’études, rêve de travail, rêve de maternité et surtout rêve d’indépendance.

Malgré la maladie, je rencontre l’amour. Nous nous marions et sommes heureux depuis plus de 30 ans. 

À 22 ans, je suis reconnue handicapée à 55% et droit à l’AAH, à 26 ans, je passe à 80%. Mais le revenu de mon mari fait que depuis de nombreux années, mon droit à l’AAH n’existe que sur le papier. Pas une seule fois, mon mari m’a fait me sentir comme un poids.

Néanmoins, à l’achat de notre appartement, il était seul à pouvoir emprunter, c’était pour moi la première humiliation.

À deux, nous aurions pu voir plus grand. L’envie de fonder une famille était là, mais entre la maladie et la situation financière, ce choix a été repoussé jusqu’à … son abandon.À 45 ans, ne pouvant plus marcher plus de 100 m,  je dois passer le permis conduire. J’en ai toujours rêvé, mais financièrement c’était pas dans le budget, car il n’y a aucune aide, si ce n’est pas pour le besoin du travail.  La PCH* m’a été refusée pour le changement du véhicule (automatique) ainsi que pour l’installation de l’ascenseur. Des frais lourds mais essentiels à mon autonomie. Là encore, c’est mon mari qui a payé. 

Le pire, c’est d’être tiraillé entre l’injustice de cette dépendance et l’impression de chance d’avoir un toit sur la tête et un frigo rempli.  

Aujourd’hui, je suis triste de me dire que nous aurions pu faire des choix de vie différents si j’avais touché l’AAH durant toutes ces années. Mais ne pouvant changer le passé, j’aime espérer qu’enfin le calcul change et que

la loi de désolidarisation des revenus du couple voit enfin le jour, que je puisse un jour alléger le quotidien de mon mari, comme lui le fait depuis le début pour moi. 

*PCH : Prestation de compensation du handicap