J’ai vécu beaucoup galères de vie et de travail depuis mon plus jeune âge. J’ai vécu en couple dix ans, avec une femme paraplégique. Bien entendu, on m’a supprimé les aides que j’avais. Bien que reconnu travailleur handicapé sans que cela ne se voit.
Pendant quelques années, j’ai conduit et accompagné des personnes handicapées pour des associations et entreprises privées. Tout cet ensemble de rencontres et de vies m’a ouvert ma vision sur les différents handicaps et âges existants dans notre société actuelle.
Depuis quelques années, j’effectue les démarches nécessaires pour obtenir l’AAH, et à côté, j’ai un petit job à responsabilités. Aujourd’hui je suis célibataire, mais le jour où j’aurai de nouveau une amoureuse, je m’interdirai de vivre sous le même toit !
Peut être que c’est ça la France, bien compliquée et prise de tête, malgré un beau pays et des personnes formidables.
J’ai 54 ans, je touche l’AAH depuis juin 2020. Mon ami et moi sommes ensemble depuis 7 ans.
J’insiste sur le fait que cette aide est conçue pour ceux qui ne peuvent pas ou plus travailler et pour pouvoir améliorer notre état de santé qui engendre des coup très élevés : soins non remboursés, matériel médical partiellement ou peu remboursé, etc.
Je voudrais insister sur le fait que l’AAH est considérée comme un revenu social, sauf, surprise : pour obtenir un petit prêt, c’est considéré comme une « aide sociale ». Donc refus !
A ce jour, le statut de l’AAH n’est pas clair ! Je vis donc dans un appartement assez précaire (234€ sur lequel se déduit une APL de 227€).
Je ne comprends absolument pas et j’espère que cette nouvelle loi de déconjugalisation va passer.
Je suis handicapée et reconnue. J’ai eu un accident de travail en 2001 et depuis c’est la descente aux enfers. J’ai été opérée 26 fois donc je ne peux travailler. Je vis avec des douleurs 24/24, tout au long de l’année. J’en subis les conséquences physiques et psychologiques. Tout ça pour entendre me dire qu’avec les années, ça ne va pas aller mieux. Je suis donc condamnée à des traitements lourds à vie. Chaque jour, je suis dans un état différent. Donc j’étais obligée de dépendre des revenus de mes compagnons.
Cette solitude, c’est un cauchemar ! C’est très dur à vivre, car il y a des moments où j’aimerais partager un peu d’amour avec une personne de mon choix. Dans des moments très douloureux , savoir que j’ai une personne avec moi en cas de soucis.
Je vous apporte mon témoignage, car je suis actuellement en invalidité et je touche l’AAH.
L’invalidité est déjà assez difficile à vivre dans d’autres domaines (banque, logement…) et maintenant le couple ! Sommes nous des rebuts de la société ? Je vis avec moins de 1000 euros, je n’y arrive même pas seule. En plus même en couple, nous sommes deux portefeuilles totalement différents ! Adieu mariage, adieu statut de couple…
Je désespère que la loi change, je veux garder ma dignité de femme ! Certes handicapée, mais indépendante financièrement, je ne veux pas être un boulet pour mon compagnon !
Je vis avec ma pathologie depuis mes 5 ans, et perçois l’AAH depuis ma majorité. L’avenir est difficilement envisageable, de peur de ne jamais pouvoir me mettre en couple, puis vivre à deux.
C’est douloureux de me dire qu’en plus de porter le poids conséquent qu’est mon problème de santé sur mes épaules, je peux aussi être un poids pour quelqu’un d’autre.
J’ai toujours été indépendante, et vivre « entretenue » par mon conjoint est inconcevable pour moi.
Si je n’ai pas pour habitude de parler ouvertement de mon handicap dans la vie quotidienne, en raison d’une forme de honte qui est pourtant difficilement explicable, n’en ayant pas fait le choix, j’aimerais aujourd’hui apporter ma maigre pierre à l’édifice, dans l’espoir que finisse par tomber un système injuste ayant brisé de nombreux couples.
Après une enfance « normale », j’ai été hospitalisé à l’âge de 17 ans, sans grand signe avant-coureur, alors que je poursuivais tranquillement mon chemin vers le baccalauréat. Je ne pus sortir du milieu hospitalier que 6 ans plus tard. Durant ces années, le dépôt d’un dossier à la MDPH m’a souvent été proposé, voire conseillé par les médecins. Plongé dans une sorte de déni, j’ai toujours refusé :
Bien que suivi de près, j’ai repris une vie « normale » au sortir de l’hôpital. À défaut de baccalauréat, j’ai préparé et obtenu un DAEU, me permettant par la suite de m’inscrire à la faculté. Si les efforts à fournir étaient parfois plus importants, cela ne m’a jamais empêché de réussir d’un point de vue scolaire.
Début 2020, ne bénéficiant plus d’aide financière extérieure concernant ma reprise d’étude, et ma famille n’ayant pas les moyens d’y contribuer durablement, j’ai dû, comme tant d’autres étudiants, trouver un emploi alimentaire. Toujours plein de motivation, j’ai très rapidement signé un contrat pour travailler dans une chaîne de restauration rapide bien connue. Ce fût malheureusement un échec, sur tous les plans. C’est à ce moment-là que les recommandations médicales des années précédentes ont pris tout leur sens : Non, je ne pourrai jamais mener une vie « classique » et mettre totalement de côté le handicap. Oui, j’allais avoir besoin d’aide. À contrecœur, après des années de refus, je me suis alors résolu à déposer un dossier auprès de la MDPH. À ce moment-là, c’était ça ou abandonner l’idée de poursuivre mes études.
Si j’étais heureux de me voir proposer une solution me permettant de poursuivre mon projet scolaire, j’avais tout de même des doutes. Les pétitions concernant la désolidarisation des revenus du conjoint pour le calcul de l’AAH circulaient déjà depuis plusieurs mois, et j’ai rarement confiance dans les modes de calculs des administrations. De plus, j’étais alors en couple depuis quelques mois, et cela m’avait déjà joué des tours devant différents organismes. Contactée par téléphone, la CAF m’annonce que « normalement », mon amie et moi étant tous les deux étudiants, tous les revenus pris généralement en compte dans le calcul de l’AAH devraient être gelés. Je prends néanmoins rendez-vous physiquement pour quelques semaines plus tard. Entre-temps, le nouvelle tombe : la CAF m’attribue environ la moitié du montant maximal pour l’AAH. Ce montant étant, à quelques centimes près, le même que celui de ma bourse scolaire actuelle, ma situation financière ne changera donc pas. Lors de mon rendez-vous, on m’explique alors la situation :
– Le montant de votre AAH a été calculé en fonction des revenus de votre couple. – Nous sommes deux étudiants, nous n’avons pas de revenu. – Oui, mais le calcul s’effectue sur l’année N-2. – D’accord. Il y a deux ans, j’étais célibataire, étudiant, et toujours sans revenu. – Oui mais votre compagne actuelle était alors salariée, et même si vous ne la connaissiez pas, cela rentre dans le calcul.
S’en est suivi un dialogue lunaire, où l’on a tenté de m’expliquer que le système n’était pas parfait, surtout dans certains cas particulier, mais que la CAF n’y pouvait rien, que tout dépendait de la loi.
La conseillère de la CAF, bien qu’impuissante, est restée très sympathique et semblait aussi dégoûtée que moi par ce système qui ne tourne pas. Elle m’a confié que les seules options qui s’offraient à moi pour espérer une réévaluation à la hausse du montant de l’AAH étaient de redevenir célibataire, ou de me mettre en couple avec quelqu’un n’ayant pas travaillé ces dernières années…
Je touche l’AAH et je suis en couple avec un enfant. Mon compagnon ne travaille pas pour éviter de me faire perdre mon AAH, il a fait le choix d’être au chômage et l’a clairement dit à Pôle Emploi. Résultat : on lui a coupé son chômage. On vit à 3 sur mon AAH. Alors oui, on paye le prix fort, pour être ensemble. Si je meurs d’un accident, par exemple, il n’aura aucune ressource. Et s’il travaille, je perds mon AAH.
C’est une situation à double tranchant alors, oui, je suis pour la séparation des revenus du couple. On devrait avoir les mêmes droits comme tout couple qui travaille : l’un ne fait pas sauter les revenus de l’autre. Nous devrions être égaux et autonomes, comme tous le monde. Surtout les couples avec des enfants : j’ai peur pour mon fils car s’il devait arriver quelque chose à son père ou à moi, faute de ressource, il pourrait être placé…
Maman et femme épanouie ou presque… Handicapée depuis l’âge de 13 ans, je me suis toujours battue afin d’être au maximum « comme tout le monde ». Alors comme tout le monde je suis allée à l’école, j’ai appris un métier, tout cela en alternant école et lourdes interventions chirurgicales ainsi que rééducation. Je suis sortie diplômée. Comme tout le monde j’ai cherché du travail et je me suis vu confrontée à l’une des plus grandes injustices, la discrimination à l’embauche… J’ai eu la chance de trouver l’amour, de fonder une famille et même d’acheter une maison… Ah non, pas vraiment puisque ne travaillant pas, ne percevant « que » l’AAH, je n’ai pas pu contribuer à l’achat de notre maison.
Je tiens à préciser que mon conjoint est réparateur en atelier, qu’il touche donc ce que l’on considère comme un salaire moyen. Et moi qui souffre dans mon corps, qui souffre de ne pas exister dans la société, de rester encore et toujours sans emploi… Je me vois diminuer d’année en d’année, de n’être que « le boulet » de tous… Je perds de l’argent, mais je perds avant tout en indépendance, en confiance en moi… Afin d’éviter d’affecter mon moral plus qu’il ne l’est, mon conjoint m’a gentiment proposé de compenser la perte d’AAH…
C’est cette même personne qui prend sur ses vacances pour s’occuper de nos enfants quand je suis trop mal pour le faire, qui assure le quotidien quand les douleurs sont trop intenses, qui est en première ligne quand tout devient trop dur et que mon moral flanche…
Elle nous permettra « juste » d’avoir un soucis en moins… Mon état de santé ne s’améliore pas, il risque au contraire de se dégrader.
Ce projet de loi serait pour nous l’assurance d’un avenir financier correct. En votant cette loi, de nombreux couples auront l’assurance d’un avenir où les soucis d’ordre financier ne seront pas une priorité, restera à la charge de la solidarité familiale les soucis d’ordre médicaux tels que le vieillissement des personnes handicapées, leur avenir quand le conjoint ne sera plus en mesure d’assumer ce rôle d’aidant, quand cette tâche sera celle des enfants si enfant il y a. Notre famille est là première à subir les dommages collatéraux du handicap,
Comme beaucoup, lorsque j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, je ne savais rien du calcul de l’AAH pour les personnes vivant en couple. On était en 2012, je bénéficiais de l’AAH depuis 2007 pour un handicap qui était là depuis ma naissance et pour lequel je n’avais pas souhaité jusqu’à là demander d’aide financière.
En 2017, tombe la première réduction de quelques euros, je ne m’inquiète pas trop. En 2020, c’est un coup de massue, je perds 200 € ; cette années 130 euros de plus, c’est la débâcle. Dès 2018, je me documente, comprends le mode de calcul inique, et écris à Sophie Cluzel, Édouard Philippe et à quelques autres hommes politiques. Mon handicap, lui, est toujours là, toujours plus sévère (ma vue se dégrade continuellement, aujourd’hui mon acuité visuelle est à peine de 1/10ème). Je ne peux plus faire les courses, faire un trajet inconnu, voyager, je ne reconnais presque plus les visages… Je pèse de plus en plus sur mon épouse. En 2016 j’ai combattu un cancer, les effets des traitements demeurent et me handicapent encore davantage. Il y a quelques mois on achète une maison, et là ce sont les APL qui fichent le camp (99 € mensuels de moins) !
Nous venons de passer l’hiver dans une maison à 14-15° degrés pour tenir le budget dans le vert et j’ai, malgré mon handicap, dû résilier la mutuelle. À 33 et 34 ans, notre vie est faite de précarité, de bouts de ficelles et de découverts alors que mon épouse travaille 28-40 heures par semaine et que moi, je m’efforce de gagner quelques sous en écrivant et en traduisant des textes littéraires.
L’individualisation de l’AAH est une question de logique (le handicap est personnel, le revenu qui en compense les conséquences financières doit l’être aussi), une question de dignité pour tous ceux qui dépendent déjà tant de leur conjoint, une question de justice sociale et d’émancipation des personnes atteintes de handicap.
Mesdames et Messieurs les députés, le 17 juin prochain, faites preuve d’humanisme et de sagesse, permettez à des dizaines de milliers de personnes de retrouver leur dignité !
En 1975, alors que j’étais étudiant, j’ai perçu une allocation mensuelle qui à l’époque ne s’appelait pas encore AAH mais qui a pris cet acronyme quelques années plus tard.
En 1982, j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse et nous nous sommes rapidement mis en ménage. Ne souhaitant pas rester dans cette situation toute ma vie, j’ai stoppé mes études et entrepris de me mettre à la recherche d’un travail. Après plus de 150 rendez-vous j’ai fini par croiser un employeur qui m’a donné une chance unique : non seulement il a décidé de m’embaucher mais, ayant compris mon souhait de ne plus avoir l’étiquette de handicapé (à l’époque, cela n’était pas un gros mot…), il l’a fait dans des conditions tout à fait ordinaires sans que je sois travailleur protégé. La contrepartie de cette main tendue était l’acceptation d’un salaire extrêmement bas par rapport à mon niveau d’études, c’était en fait le SMIC de l’époque.
Ma rémunération mensuelle était inférieure à l’allocation que je percevais auparavant. Cependant, j’étais extrêmement fier de subvenir moi-même à mes besoins et je me suis empressé de le signaler à l’organisme payeur (CAF) lors de la déclaration annuelle de ressources. La réponse ne s’est pas faite attendre. J’ai rapidement reçu une notification m’indiquant que je devais rembourser le trop-perçu sur les quelques mois pendant lesquels j’avais également touché mon salaire. Je m’attendais bien évidemment à cela et je l’acceptais, sans doute avec encore une fois un peu de fierté.
Ma vie de couple n’a pas été affectée par des problèmes liés à l’AAH puisque j’ai cessé de la percevoir et que je ne souhaitais plus que ce soit le cas. À l’époque, ma compagne avait un salaire bien supérieur au mien, de l’ordre du double… De ce fait, si j’avais souhaité continuer à la percevoir, cela aurait été refusé. Mon témoignage a pour seul but de souligner que ce problème n’est pas d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, pour moi, tout va bien. Après une carrière bien remplie, je suis à la retraite.