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Claudia : «Il en va de la dignité d’un pays d’être solidaire de ses populations les plus fragiles»

J’ai été dépendante financièrement de mon conjoint qui gagnait un peu plus de 2000 euros par mois, l’AAH je n’y avais donc pas droit ! Être dépendante de l’autre, c’est une vie au rabais, un contrôle économique et moral de tous les jours…

J’ai eu la force de divorcer… Et de la force il en faut quand on comprend combien LA CAF est réactive pour relancer des droits !  Une semaine d’attente entre chaque rendez-vous téléphonique, des réponses  évasives voire erronées qui me disaient de repasser par la case MDPH !!! Et combien de recherches sur la toile pour savoir si j’avais droit à une prestation compensatoire ! J’ai fini par  comprendre que la solidarité familiale brandie en étendard par LaREM ne tenait plus en cas de divorce ! Oui, la prestation compensatoire ampute l’AAH d’autant ! Etonnant , non ? Et bien même pas, quand on connaît la politique du moins disant social de ce gouvernement ! Notre cher président dirait que ça coûte « un pognon de dingue », n’est-ce pas !!! Que dire du maintien des personnes en situation de handicap sous le seuil de pauvreté… Que dire en effet d’un hypothétique salaire (c’est bien connu, il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi de nos jours ! ) qui entre lui aussi en déduction de l’AAH au bout de six mois de travail !

Notre handicap, nous ne l’avons pas choisi ! L’AAH n’est pas un revenu social comme les autres, il en va de la dignité d’un pays d’être solidaire de ses populations les plus fragiles dont nous faisons partie !

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Mélaine : « Évitons une dépendance supplémentaire de la personne handicapée »

Je partage mon expérience avec vous. Je m’appelle Mélaine et je suis mariée depuis un an à un homme formidable Romy, handicapé à 90% . À notre plus grande surprise il a perdu dans la foulée 500€ de son AAH car je perçois 1600€ de salaire ce qui est pour les organismes « trop de salaire ». Or nous n’habitions même pas sous le même toit par faute de trouver un logement adapté à sa situation de handicap.

Du coup deux loyers et toutes les factures en doubles plus la nourriture sur un seul salaire pendant plusieurs mois, malgré des demande de recours exceptionnel mais refusé dans le cadre de la « législation « .

Ce jour nous avons enfin un toit commun avec un loyer de 860€ hors charge et malheureusement pas d’aide au logement car je perçois trop de salaire et mon mari perçois 434€ d’AAH .

Si demain il m’arrive quoique ce soit ou si je perds mon emploi nous nous retrouverions dans l’impossibilité de payer notre loyer ainsi que de nous nourrir.

Il est nécessaire et indispensable de dissocier les revenus pour éviter une dépendance supplémentaire de la personne handicapée. Cela simplifierait les projets de vie de couples et permettrait qu’une vraie chance de vivre une vie la plus normale possible soit donnée à chaque citoyen.

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Martine : « Je me bats à vos côtés pour ma fille qui vit le même cauchemar que j’ai vécu toute ma vie »

Bonjour, je m’appelle Martine et je vais avoir 65 ans. Je suis atteinte de la maladie de Marfan, maladie génétique rare qui touche les yeux, le cœur, les poumons et le squelette. Je me souviens que mes parents avaient demandé ma carte d’invalidité sans connaître la maladie dont je souffrais. A 12 ans, j’ai perdu la vue pendant 2 ans. J’ai perdu ma maman à l’âge de 54 ans et 3 frères : un petit, un de 18 ans et, il y a quelques années, un de 66 ans tous atteints du Marfan.

Je me suis mariée à 18 ans et j’ai eu 3 filles. A la naissance de ma fille aînée Sonia, les médecins ont mis un nom sur la maladie car elle aussi était atteinte. A ce jour, j’ai subi 18 opérations, dont 7 des yeux. Un anévrisme de l’aorte avec ré-implantation de toutes les coronaires, hernie discale avec prothèse dans le dos et j’en passe…

J’étais secrétaire en assurances de 1981 à 1994 où là, j’ai été reconnue invalide à 90% avec impossibilité de travailler. J’ai donc dû cesser mon activité et comme mon mari à cette époque gagnait dans les 1200 euros, mon AAH était distillée donc double peine.

Comme beaucoup je me contentais de ce que j’avais en vêtements et autres car, avec le peu que j’avais, il fallait contribuer à faire vivre la famille.

Je dois dire que mon mari ne m’a jamais fait de réflexions à ce sujet, ce qui était à lui était à moi. Ce qui m’a fait le plus de peine, c’est que mon mari, qui travaillait pour la commune, a toujours refusé de monter des échelons ou de percevoir des primes car on me réduisait mon AAH d’autant.

Une anecdote marquante : en fin de carrière, la mairie s’est rendue compte que la secrétaire avait oublié de lui compter une augmentation de salaire pendant 2 ans. Pour ce faire, il a reçu un rattrapage de 3000 euros et de l’autre côté, j’ai dû les reverser pour une AAH trop perçue, donc c’était chou blanc…

Depuis mes 60 ans, je suis à la retraite et je dois dire que je n’ai jamais été aussi heureuse car je touche une petite retraite pour ce que j’ai travaillé et le reste est complété par l’ AAH au maximum. Normalement on m’avait attribué le complément de ressources (capacité de travail inférieure à 5%) de 2016 à 2026 et que je n’ai jamais touché. J’ai appris qu’à la retraite, la CAF devrait me le verser mais elle ne veut rien entendre.

Si pour moi aujourd’hui il est trop tard, je me battrai à vos côtés pour ma fille Sonia qui vit le même cauchemar que j’ai vécu toute ma vie.

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Anne : « Je voudrais témoigner en tant que conjointe »

Mon mari perçoit l’AAH depuis plusieurs années et son handicap n’est pas réversible. Je perçois de petits revenus. C’est-à-dire généralement moins que le SMIC mensuel temps complet.

Notre stress, au-delà du fait de vivre en dessous du seuil de pauvreté français, c’est qu’à la moindre variation de mes revenus, nous perdons de notre revenu global.

Depuis des années, je refuse des opportunités de travail et d’évolution dans ma carrière, car le salaire proposé même s’il est intéressant, ne suffirait pas à compenser la perte d’AAH et d’allocation logement de mon mari.

En gros, je ne peux prendre aucun risque qui nous ferait perdre ne serait-ce que 50 € ou 100€ sur un revenu mensuel global d’un budget plus que serré. En plus de cela, depuis des années, je n’ai droit à aucune aide par ailleurs. Pas de prime d’activité pour moi, pas d’allocation logement, rien. Je gagne moins que le SMIC mensuel, mais vu que mon mari perçoit l’AAH, je n’ai droit à aucune prime d’activité depuis sa création.

En plus depuis janvier 2021, l’AAH et les allocations logements de mon mari ont baissé.

Le calcul était censé être à l’avantage des bénéficiaires mais il n’en est rien.

De mon côté, je veux bien travailler plus mais la moindre variation de salaire pour moi nous coûte plus qu’elle ne nous rapporte.

Et le calcul de l’AAH et des allocation logements est tellement obscure qu’il est quasi impossible de prévoir et de calculer par nous-même.

Donc en résumé, ma carrière est en sourdine, je n’ai pas droit à la prime d’activité qui devrait en moyenne être de 300€ mensuel pour moi, je n’ai pas droit à une aide au logement et il m’est impossible de connaitre à l’avance l’incidence précise de mon activité sur les aides de mon mari.

Donc concrètement aimer et vivre avec mon mari me coûte cher, très cher même. Est-ce que c’est une source de stress ? Oui, pour nous deux. Évidemment on a pensé à divorcer. Mais c’est hors de question. Autrement ça voudrait dire qu’ils ont gagné, or il n’y a jamais rien à gagner à renier ceux que l’on aime. 

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Bénédicte : « Avec 1800 euros tout compris pour trois il faut compter chaque sous »

Voilà, je percevais jusque là une AAH à taux plein et mon mari une pension d’invalidité avec une AAH différentielle de 200 euros. Depuis que mon mari est à la retraite il dépasse le plafond de 180 euros et n’a plus d’AAH. 200 euros, c’est peu, c’est vrai, mais c’est comme si une fois à la retraite son handicap avait disparu ! Mais il est toujours handicapé ! Avec les plafonds, mon AAH à moi aussi est réduite de 200 euros. De plus, notre fils de 20 ans est revenu vivre chez nous. Nous l’aidons comme nous pouvons car jusqu’à ses 25 ans il n’a droit à rien, juste une complémentaire santé.

Nous avons encore la chance d’être propriétaires, mais avec 1800 euros tout compris pour trois il faut compter chaque sous.

Nous n’espérons plus grand chose maintenant avec notre âge et notre handicap (moteur et visuel).

L’argent n’est pas le plus important, nous sommes juste fatigués de nous battre pour tout.

Notre vie a été difficile, semé d’embûches et de malheurs (comme le suicide de ma fille). Nous nous n’avons plus aucun espoir concernant ce monde. Mais pour ceux qui garde l’espoir, battez vous ! Courage et relevez la tête ! Vous n’êtes pas des machines à mettre au rebus ! Le handicap n’est pas une tare dans ce monde parfait. Merci de publier tout ces témoignages en espérant que les choses bougent.