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Anthony : « Faire ceci ou cela « avec mon autorisation » »

J’ai 30 ans, asperger, en couple avec Andréa, 24 ans, également asperger. 


Nous percevons tous les deux l’AAH. J’ai eu la chance de trouver un emploi que je commence au premier septembre. Nous vivons tous les deux chez nos parents, et

une de nos premières priorités est de vivre le cordon ombilical coupé, comme un couple que nous sommes dans un appartement loué. 


Débutant en vacataire catégorie B dans la fonction publique, mon salaire net ne sera pas mirobolant. 
Ma copine risque de perdre son AAH alors que, elle, est encore en recherche d’emploi. 
Nous avons chacun de notre côté bien entendu des factures, des coûts fixes (comme une voiture chacun à entretenir, des rendez vous medicosociaux, assurances, téléphone, ou encore bientôt des dépenses alimentaires) .
Ce probable « trou » nous place en situation d’inconfort, mais pire, empêcherait ma copine d’avoir son propre porte-monnaie et l’amènerait dans la situation inconfortable de me demander de l’argent pour vivre, autrement dit, faire ceci ou cela « avec mon autorisation ».

Les femmes se sont battues et ont eu le droit de vote et celui d’ouvrir un compte en banque sans l’aval du mari, au XXe siècle. 
En sommes-nous vraiment là en 2021?

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Pascale : « En aucun cas, je ne veux vivre aux crochets de mon ami ! »

J’ai 54 ans, je touche l’AAH depuis juin 2020. Mon ami et moi sommes ensemble depuis 7 ans.

Nous avions le projet de vivre sous le même toit. Cependant, étant donné que son salaire dépasse le plafond, mon AAH serait supprimée. Nous avons donc renoncé à ce projet.

J’insiste sur le fait que cette aide est conçue pour ceux qui ne peuvent pas ou plus travailler et pour pouvoir améliorer notre état de santé qui engendre des coup très élevés : soins non remboursés, matériel médical partiellement ou peu remboursé, etc.

En aucun cas, je ne veux vivre aux crochets de mon ami ! 

Je voudrais insister sur le fait que l’AAH est considérée comme un revenu social, sauf, surprise : pour obtenir un petit prêt, c’est considéré comme une « aide sociale ». Donc refus !

A ce jour, le statut de l’AAH n’est pas clair ! Je vis donc dans un appartement assez précaire (234€ sur lequel se déduit une APL de 227€). 

Pas besoin d’APL si nous pouvions vivre ensemble !

Je ne comprends absolument pas et j’espère que cette nouvelle loi de déconjugalisation va passer.

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« Nous avons fini par rompre, une rupture douloureuse et subie. »

Je suis titulaire de l’AAH, et j’ai deux filles.
Par le passé, j’ai rencontré un homme.  Il est devenu mon compagnon. Nous voulions faire notre vie ensemble et vivre ensemble sous le même toit avec mes enfants et ses deux enfants. 

Mais quand j’ai su que mon AAH serait supprimée totalement si nous nous installions ensemble, nous avons renoncé.  Nous avons fini par rompre, une rupture douloureuse et subie.

Il travaillait pour un salaire de  2500 euros. Imaginez vous vivre à  6 avec 2500 euros ? Impossible.  

Voilà le prix de l’amour… Je ne veux être redevable de personne !

C’est comme si pour un foyer normal, le salaire d’une personne ne devrait pas dépasser un plafond en fonction du salaire de l’autre ! 

Pour moi aujourd’hui, être handicapée signifie d’être  rejetée par la société :

  • Pas le droit de vivre en couple avec dignité et indépendance,
  • Difficile de trouver du travail, 
  • Impossible d’investir, 
  • Difficile de trouver un logement.  

Aujourd’hui je vis seule avec ma fille majeure, la plus grande fait sa vie… Que se passera-t-il quand elle aura 20 ans ? Que se passera-t-il si elle travaille et reste avec moi pour m’aider ? Je ne le sais même pas…

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Marie : « Nous avons décidé de vivre ensemble sans tomber dans la dépendance.»

J’ai la vingtaine. Je ne souhaite pas parler de mon handicap, mais sachez que je suis reconnue à 80%, je touche l’AAH. Je suis accompagnée dans ma vie de tous les jours par un chien d’assistance et je ne peux pas conduire. Comme beaucoup de jeunes filles de mon âge, j’ai eu quelques aventures, qui se sont terminées plus ou moins bien. Le handicap y est pour beaucoup. Ce n’est pas évident pour le partenaire (et pour son entourage !) de faire ménage à trois avec cet invité pas vraiment désirable.

Fin 2019, j’ai rencontré quelqu’un avec qui tout se passait bien, quelqu’un qui était prêt à se mettre en couple avec moi malgré ma différence. Nous sommes tombés amoureux et nous nous voyions tous les soirs. Nous faisions garde alternée : une nuit chez lui, une nuit chez moi !

Puis, le Covid est arrivé. Nous ne nous sommes pas vus pendant plus de deux mois, comme beaucoup de couples. Le confinement a précipité nos projets et nous avons décidé d’habiter ensemble. En ajoutant le loyer que nous payions chacun de notre côté, nous pouvions avoir une petite maison avec jardin en centre-ville. L’idéal pour nous et pour mon chien. Qui ne l’aurait pas fait à notre place ?
Mais tous les contes de fées ne se passent pas comme prévu. À ce moment-là, je me rends compte que si on habite ensemble, sans être ni pacsé ni marié, je perds plus des trois quarts de mon AAH.

Mon tort ? Être tombée amoureuse d’un ingénieur, qui travaille et qui gagne sa vie.

Cela a été très difficile à admettre pour moi qui ait toujours mis un point d’honneur à être le plus indépendante possible. Avec mon AAH et mes APL, soit un peu plus de 1100€ par mois, certains mois étaient difficiles mais je m’en sortais. J’arrivais même à mettre un peu d’argent de côté. Mais avec le petit pécule que cette loi absurde m’autorise à avoir, soit environ 200€, comment vivre décemment ?

Là où mon témoignage diffère, c’est que, malgré tout, nous avons décidé de vivre ensemble sans tomber dans la dépendance.

Nous nous faisons passer pour de très bons amis en colocation. Nous avons donc déménagé depuis quelques mois dans une petite maison, avec jardin et surtout avec deux chambres, deux lits faits, deux penderies, deux gobelets à dents, deux gels douches différents, et absolument rien d’autre en commun que notre contrat de colocation.

J’ai gardé mon AAH complète. Mais nous nions notre couple. Et nous vivons dans la peur. La peur du contrôle de la CAF qui ferait voler en éclat ce frêle bonheur.

Je pensais que tout se passerait bien. Mais non. Ça va mal. Je vais mal. J’ai l’impression de vivre comme une délinquante, d’être en cavale. Seulement nos familles et nos amis proches sont au courant que nous sommes en couple. Pour les autres, c’est « Je vous présente mon colocataire ». Nous passons notre temps à nous cacher. On ne se tient pas la main dans la rue. Nous n’avons aucune photo ensemble sur les réseaux sociaux, ni même dans nos téléphones. Pas de mots doux par messages, ça pourrait jouer contre nous. Le volet de notre fenêtre donnant sur la rue est quasiment toujours fermé, et je tremble de peur dès que quelqu’un qui n’est pas attendu sonne à la porte.

Cette situation ronge peu à peu notre couple. Des fois, nous avons réellement l’impression d’être davantage de très bons amis en colocation qu’un couple.

Ça grignote notre intimité. Ça grignote aussi ma confiance en moi. Je me sens nulle, moins que rien, inutile.

Mon cerveau me persuade que je suis une mauvaise personne. Je ne suis pas heureuse, alors que je n’étais pas comme ça avant. J’étais le genre de fille qui a une joie de vivre communicative, et de très nombreux projets. Je ne suis plus rien maintenant. Je ne me sens pas libre.

Je sais que mon témoignage est relativement long mais j’avais besoin de m’exprimer. J’espère que la loi va enfin passer. Il n’est pas normal, de nos jours, de ne pas être l’égal de son conjoint simplement parce qu’on a un handicap. Il n’est pas normal qu’on nous laisse volontairement dans cette situation de dépendance. Depuis les années 1960 en France, les femmes ne dépendent plus de leurs maris pour travailler, ouvrir un compte en banque, passer le permis.

Moi aussi, je rêve d’indépendance et de liberté. Je rêve d’avoir le droit de choisir si je souhaite me marier ou ne pas me marier, sans que l’argent ni le handicap soient des conditions.

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Nathalie : «Je ne veux plus être tributaire de quiconque ! »

J’ai 54 ans,  je suis divorcée d’un ex mari qui ne cessait de dire que je vivais grâce à lui. Je ne touchais pas l’AAH car son revenu mensuel était trop élevé. J’ai subi ses remarques très désobligeantes, et ai fini par comprendre que c’était un pervers narcissique. 

Je suis maintenant remariée, je ne veux plus vivre la même chose, je ne veux pas dépendre de mon mari bien que LUI comprenne.

Moralement,  je me sens mal à l’aise avec cette situation. Le souci, c’est que mon mari va avoir un CDI et donc fini l’AAH ! Mes 3 fils ont plus de 20 ans… Donc plus d’indépendance financière.

Je ne veux plus être tributaire de quiconque ! Je veux être indépendante financièrement ! 

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« Adieu mariage, adieu statut de couple… »

Je vous apporte mon témoignage, car je suis actuellement en invalidité et je touche l’AAH.

Je suis obligée de mentir dans mes déclarations en disant à toutes les administrations que je suis célibataire. Je suis pourtant bien en couple, nous voulions nous marier, mais nous avons reculé. Pourquoi ? Car je refuse d’être une femme dépendante de son conjoint !

L’invalidité est déjà assez difficile à vivre dans d’autres domaines (banque, logement…) et maintenant le couple !  Sommes nous des rebuts de la société ?  Je vis avec moins de 1000 euros, je n’y arrive même pas seule. En plus même en couple, nous sommes deux portefeuilles totalement différents ! Adieu mariage, adieu statut de couple…

Je me cache, même sur la boîte aux lettres !

Je désespère que la loi change, je veux garder ma dignité de femme ! Certes handicapée, mais indépendante financièrement, je ne veux pas être un boulet pour mon compagnon !

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Léa : « L’avenir est difficilement envisageable, de peur de ne jamais pouvoir me mettre en couple, puis vivre à deux »

Je vis avec ma pathologie depuis mes 5 ans, et perçois l’AAH depuis ma majorité. L’avenir est difficilement envisageable, de peur de ne jamais pouvoir me mettre en couple, puis vivre à deux.

J’ai peur que mon éventuel copain n’accepte pas d’assumer des dépenses qui initialement ne doivent pas être faites par lui, peur d’être rejetée.

C’est douloureux de me dire qu’en plus de porter le poids conséquent qu’est mon problème de santé sur mes épaules, je peux aussi être un poids pour quelqu’un d’autre.

Je crains aussi énormément les conflits que cela pourrait générer, donc je ne veux pas faire de rencontres.

J’ai toujours été indépendante, et vivre « entretenue » par mon conjoint est inconcevable pour moi.

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Fernando & Claire : «Pouvoir, au moins, maitriser l’aspect financier à défaut du physique et du mental»

Fernando

Mon épouse et moi sommes amoureux depuis 30 ans, mariés depuis  17 ans. 3 enfants. Tous à charge puisque les grands sont en études et le plus petit a 4 ans. Mon épouse est handicapée à 80 % depuis plusieurs années et touche actuellement l’allocation pour adultes handicapés.

Faut-il que nous divorcions afin qu’elle ne perde pas son autonomie financière ?

Elle angoisse à l’idée de perdre son AAH, son autonomie, lorsque les grands ne seront plus comptés à charge et si mon salaire venait à évoluer. Nous avons déjà du mal à boucler les fins de mois, nous ne partons jamais en vacances et ne faisons aucune sortie. Elle se sent déjà comme un poids à cause de ses difficultés. Je dois presque la forcer à s’acheter ce dont elle a besoin.

Comment peut on retirer sa dignité à un être humain qui n’a pas demandé son handicap ? Qui ne réclame pas la charité mais simplement le droit de vivre en autonomie et non au crochet de quelqu’un ?

Même si je l’aime et que jamais elle ne sera un poids pour moi, elle le ressentira ainsi. C’est certain. Elle est fragile physiquement et moralement, mais elle a décidé qu’elle ferait la grève de la faim si l’AAH lui est retirée. Je suis horrifié.

S’il vous plait, ne lui retirez pas sa dignité.

Claire

Je m’appelle Claire, 44 ans, mariée depuis 17 ans mais en couple avec mon mari depuis 1991. Nous avons 3 enfants de 20, 18 et 4 ans. Je suis handicapée à 80 % et actuellement je touche l’AAH. Je suis pour le moment à peu près autonome financièrement.

Mais, lorsque mes deux grands ne seront plus à charge ? Que mon mari aura un salaire augmenté ? Devrais-je redevenir un boulet ? N’avoir plus aucun revenu ?

J’aimerais pouvoir travailler, avoir des loisirs et des plaisirs, mais je ne peux pas.

Je suis reconnaissante de pouvoir toucher cette allocation sans laquelle nous ne pourrions pas faire face aux dépenses liées à mon handicap, au manque de salaire également. Si je ne l’ai plus , je perdrai ma dignité, mon indépendance, la possibilité de faire des choix, des achats personnels. Comment peut t-on refuser  de nous laisser notre dignité ? Je souffre physiquement et moralement déjà. Pourquoi ne pas désolidariser l’AAH ? Vous voulez des raisons ? 

La liberté, le choix et l’indépendance. Pouvoir, au moins, maitriser l’aspect financier à défaut de physique et du mental. Ne pas être soumis.  Pouvoir vivre avec dignité.

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