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Yohan : « Parfois je me demande si c’est vraiment avantageux de continuer à travailler…»

Dans le cas de mon couple, ma compagne ne pourra plus travailler suite à sa rupture d’anévrisme, et elle sera bientôt en invalidité. À partir de ce moment, elle n’aura plus aucun revenu, donc elle sera complètement dépendante de moi, financièrement.

Je pense que c’est un double poids : le handicap et la dépendance financière. 

La personne handicapée sans revenu doit toujours demander l’accord du conjoint.e pour faire une dépense. Et la personne qui travaille doit assumer la totalité des dépenses mensuelles. Je me demande si les couples dans ce cas peuvent avoir des loisirs et des projets.

Je pense que c’est de l’infantilisation, et malheureusement ceci est fréquent dans le domaine du handicap. De plus, j’ai l’impression que cette situation ressemble à l’époque où les femmes ne pouvaient pas ouvrir un compte banques, sans l’accord de leur mari.

De plus, je suis moi-même handicapé, donc j’ai des dépenses supplémentaires liées à cela, surtout pour mon fauteuil électrique.

Parfois je me demande si c’est vraiment avantageux de continuer à travailler, une fois que ma compagne sera en invalidité.

Évidemment je continuerai par amour de mon métier, mais il faudra faire attention à nos dépenses. Et je souviendrai aux besoins de ma compagne, avec plaisir. Mais ce n’est pas normal de ne pas pouvoir vivre comme un couple valide.

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Sylvie : « Handicap donc dépendance et dépendance financière »

Le système aujourd’hui est très mal construit et mon mari en fait les frais depuis des années maintenant. 


J’ai rencontré mon mari il y a 18 ans, nous nous sommes rencontrés jeunes, il était déjà bénéficiaire de l’AAH. Il est atteint d’une maladie psychique dont il ne guérira jamais, mais qui est stabilisée grâce à la prise de médicaments et d’un bon suivi psychiatrique. A l’époque, il travaillait dans un CAT. 
Nous n’avons jamais triché dans nos déclarations, nous nous sommes toujours déclarés vivre ensemble. Bien sûr nous avons rapidement pris conscience que mon salaire qui augmentait faisait progressivement diminuer son AAH. Nous avons depuis eu 2 enfants. Mon mari est rentré dans le milieu ordinaire, puis après plusieurs rechutes, il est finalement retourné travailler en ESAT en 2013. De mon côté j’ai une bonne place en tant que salariée. 

L’ année prochaine, nous dépasserons le plafond de revenus en couple avec enfants et mon mari ne touchera plus aucune AAH. Mon salaire a évolué.


Il y a plusieurs injustices :     

Notre niveau de revenu ne bouge quasiment pas puisque quasiment tout ce que je gagne en plus, il le perd 2 ans plus tard sur son AAH. 
En fournissant le même travail que ses collègues en ESAT, sur 35 heures par semaine et 25 jours de congé par an comme tout salarié du privé, il ne touche que 715€ net par mois!  Et l’année prochaine 0€ d’AAH en complément pour la simple et bonne ou mauvaise raison qu’il est amoureux et marié ! Ses collègues touchent jusqu’à 1300€ salaire de l’Esat et AAH cumulés puisqu’ils sont eux pour la plupart célibataires. Ils font le même travail !!! 
715€ net pour 35h : nos élus trouvent ça normal ? Quelle raison valable donne le droit à l’Etat de décider qu’un salaire d’un travail fourni doit dépendre de la rémunération du conjoint ? Aucune !!! 
Je finis ce témoignage un peu, voire très en colère ! Cela fait des années que je me bats pour cette cause et rien n’avance. Enfin, en 2020 nous avons eu une lueur d’espoir : une loi pourrait enfin permettre aux bénéficiaires de l’ AAH de retrouver un peu de dignité.

Je suis convaincue que ce vote du mois de juin pourrait être décisif et rendrait enfin justice à cette double peine : handicap donc dépendance et dépendance financière. S’il vous plaît mesdames et messieurs les députés, je vous en conjure, votez pour la déconjugalisation de l’AAH. 

Bravo à toutes et tous pour ce combat si évident à mes yeux. 

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Nathalie : « Je suis devenue facile à dénigrer ! »

Je suis maman de 3 enfants, je vis en couple depuis 10 ans. J’ai toujours travaillé, mais voilà  en 2018 j’ai commencé à avoir des symptômes handicapants et invalidants parfois. Je suis atteinte d’une maladie neurologique mais complexe et en cours de diagnostic encore en 2021. Je bénéficie d’un suivi en centre anti douleur. Je dois arrêter de travailler en 2019, par la force des choses, à cause de douleurs intenses chroniques, des pertes de mobilité et chutes… le début de l’enfer ! On reconnait mon handicap en 2018, on m’ouvre les droits à l’AAH à taux plein, puisque mon conjoint venait de perdre son travail. 

Pour moi qui était très active et entourée, j’ai subi l’isolement. En 2021 je ne touche plus l’AAH, pourquoi ? Parce que mon conjoint est chef d’entreprise ! Mais moi ? Moi je suis toujours avec cette maladie, ces douleurs, chutes, cette fatigue intense, l’isolement. Un couple qui est détruit car je suis devenu dépendante financièrement, bien malgré moi ! 

Car plus rien ne va, je ne suis plus « celle qui ramenait de l’argent », qui gagnait sa vie, qui travaillait ! Je suis devenue facile à dénigrer ! « Je ne sers à rien » et « j’ose répondre, moi qui ne ramène rien à la maison », le manque de respect parce que « je n’ai plus rien à dire », je subis la double peine, pourquoi ?! Car je suis malade et n’ai aucun soutien. 

Je voudrais partir, mais financièrement, je dois choisir entre rester malheureuse dans un couple pour vivre dignement, accepter d’être démolie moralement en plus de la maladie ou partir, et survivre avec 904 euros d’AAH, tout en sachant que je dois subvenir aux besoins de mes 3 fils ! Lequel dois-je sacrifier financièrement ? Celui qui est en sport études et qui coûte plus cher, celui qui veut faire des activités sportives ou celui qui doit passer son permis et avoir une voiture ?
Et comme mes deux aînés ne vivent plus avec moi pour leurs études, je n’ai pas d’aide ou d’allocation !  Et bien je vais devoir me sacrifier encore, car je ne suis qu’une maman malade qui subit des lois de l’État… 

L’ État ne saura jamais ce qu’est la vraie vie de personnes malades ou handicapées !

Au-delà du fait que nous ayons l’AAH calculée sur les bases du revenu du couple, il y a aussi le fait que notre maladie nous empêche de travailler pour avoir un bon niveau de vie ! Notre maladie creuse un fossé, mais on nous jette dedans en faisant de nous des « cas sociaux », avec une rentrée d’argent totalement dérisoire et à peine suffisante pour boucler des fin de mois !

Me voilà à 39 ans officiellement dépendante financièrement et obligée de subir les violences conjugales qui ne m’aident pas à aller mieux !

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Pauline : « Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière. »

Je me présente Pauline 26 ans, je suis atteinte d’un handicap moteur de naissance.

Aujourd’hui,

malgré ma détermination et mon acharnement pour trouver un emploi dans mon domaine, rien n’y fait,

sauf quand je ne mentionne pas que j’ai une RQTH*, je ne suis pas prise en entretien. Mais voilà, mon handicap reste visible et je ne peux le cacher bien longtemps. 

Je fais face à beaucoup de préjugés et pour trouver un emploi, c’est compliqué.

Aujourd’hui, malgré mon BTS, je me suis résignée à faire une demande à la MDPH pour travailler en ESAT** : pour pouvoir avoir une chance de ne dépendre financièrement de personne. Malheureusement, le temps d’attente est très long pour avoir un poste de travail en ESAT.

Aujourd’hui, je vis en concubinage avec mon ami depuis septembre 2018. J’étais très heureuse, car la MDPH venait à cette époque, après un long combat, d’accepter ma demande d’AAH : Nous pouvions enfin vivre ensemble !

Sauf que du jour au lendemain, j’ai vu mon AAH fondre comme neige au soleil et aujourd’hui je me retrouve quasiment dépendante de lui, ce qui entraîne de nombreuses disputes.

Je trouve ça injuste car mon handicap, il ne devrait pas le subir.

Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière.

* RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé.

** ESAT : Établissement et Service d’Aide par le Travail.

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Geneviève : « Quel est le bon choix, l’amour ou l’AAH ? »

J’ai 58 ans et depuis 2012 je touche l’AAH suite à de gros soucis de santé qui m’ont laissé des séquelles neurologiques et cardiologiques. Je dois vivre de surcroit avec une autre maladie hormonale non stabilisée. Je souffre au quotidien de douleurs intenses. Mais malgré toutes mes souffrances, j’ai des projets de vie de couple. En mai 2021, je vais emménager avec mon conjoint.

Double peine pour nous puisque je vais perdre tout mes droits car il travaille !

Maintenant, je stresse sans arrêt, je me demande comment je vais pouvoir l’aider à payer le loyer et les autres factures.

Je ne vous cache pas que depuis quelques semaines, je n’en dors plus la nuit. Ai-je fait le bon choix ?