J’ai 25 ans, autiste asperger diagnostiquée à mes 17 ans. J’ai reçu l’AAH depuis mon diagnostic, et vu que cette allocation est faible pour avoir un logement, je vis encore actuellement chez mes parents.
Je suis en recherche d’emploi depuis 2016, malheureusement mon autisme ne fait qu’effrayer ou laisser les préjugés envahir les employés que j’ai tentée de convaincre dans ma recherche d’emploi. Je fais du coup partie des 95% d’autiste au chômage en France.
J’ai fini par découvrir la loi de l’AAH en couple via mon assistante sociale, car je suis en couple depuis quelques mois. On essaye avec mon petit ami également autiste, de quitter nos logements parentaux, et on nous annonce que mon AHH sera réduite ou risque de disparaitre dû au travail de catégorie B de mon petit copain.
Furieuse, injuste, je suis depuis en conflit avec moi-même car on me conseille de frauder pour ne pas à choisir entre mon couple et mes ressources pour vivre !
Est-ce comme cela que la société imagine les personnes handicapés ? Vivre célibataire à vie pour manger et avoir un toit ? ou être dépendant du conjoint sans aucune autonomie financière ? Le gouvernement me force t-il à vraiment choisir entre ces deux choix ? SEULE ou SOUMISE ?!
Nos arrières grands-mères se sont battues pour que leurs compte en banque ne soit plus contrôlé par leur maris et maintenant ce sont les femmes et hommes handicapé.e.s qui demandent à ne plus être soumis au salaire de leur conjoint(e) ! Nous sommes au XXI e siècle ! Il est temps d’abolir cette loi qui ne devrait même pas exister ! Mon AAH, Mon handicap !
J’ai été dépendante financièrement de mon conjoint qui gagnait un peu plus de 2000 euros par mois, l’AAH je n’y avais donc pas droit ! Être dépendante de l’autre, c’est une vie au rabais, un contrôle économique et moral de tous les jours…
J’ai eu la force de divorcer… Et de la force il en faut quand on comprend combien LA CAF est réactive pour relancer des droits ! Une semaine d’attente entre chaque rendez-vous téléphonique, des réponses évasives voire erronées qui me disaient de repasser par la case MDPH !!! Et combien de recherches sur la toile pour savoir si j’avais droit à une prestation compensatoire ! J’ai fini par comprendre que la solidarité familiale brandie en étendard par LaREM ne tenait plus en cas de divorce ! Oui, la prestation compensatoire ampute l’AAH d’autant ! Etonnant , non ? Et bien même pas, quand on connaît la politique du moins disant social de ce gouvernement ! Notre cher président dirait que ça coûte « un pognon de dingue », n’est-ce pas !!! Que dire du maintien des personnes en situation de handicap sous le seuil de pauvreté… Que dire en effet d’un hypothétique salaire (c’est bien connu, il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi de nos jours ! ) qui entre lui aussi en déduction de l’AAH au bout de six mois de travail !
Le système aujourd’hui est très mal construit et mon mari en fait les frais depuis des années maintenant.
J’ai rencontré mon mari il y a 18 ans, nous nous sommes rencontrés jeunes, il était déjà bénéficiaire de l’AAH. Il est atteint d’une maladie psychique dont il ne guérira jamais, mais qui est stabilisée grâce à la prise de médicaments et d’un bon suivi psychiatrique. A l’époque, il travaillait dans un CAT. Nous n’avons jamais triché dans nos déclarations, nous nous sommes toujours déclarés vivre ensemble. Bien sûr nous avons rapidement pris conscience que mon salaire qui augmentait faisait progressivement diminuer son AAH. Nous avons depuis eu 2 enfants. Mon mari est rentré dans le milieu ordinaire, puis après plusieurs rechutes, il est finalement retourné travailler en ESAT en 2013. De mon côté j’ai une bonne place en tant que salariée.
Il y a plusieurs injustices :
Notre niveau de revenu ne bouge quasiment pas puisque quasiment tout ce que je gagne en plus, il le perd 2 ans plus tard sur son AAH. En fournissant le même travail que ses collègues en ESAT, sur 35 heures par semaine et 25 jours de congé par an comme tout salarié du privé, il ne touche que 715€ net par mois! Et l’année prochaine 0€ d’AAH en complément pour la simple et bonne ou mauvaise raison qu’il est amoureux et marié ! Ses collègues touchent jusqu’à 1300€ salaire de l’Esat et AAH cumulés puisqu’ils sont eux pour la plupart célibataires. Ils font le même travail !!! 715€ net pour 35h : nos élus trouvent ça normal ? Quelle raison valable donne le droit à l’Etat de décider qu’un salaire d’un travail fourni doit dépendre de la rémunération du conjoint ? Aucune !!! Je finis ce témoignage un peu, voire très en colère ! Cela fait des années que je me bats pour cette cause et rien n’avance. Enfin, en 2020 nous avons eu une lueur d’espoir : une loi pourrait enfin permettre aux bénéficiaires de l’ AAH de retrouver un peu de dignité.
Bravo à toutes et tous pour ce combat si évident à mes yeux.
J’ai 50 ans, handicapée depuis l’âge de 27 ans : une rupture d’anévrisme, provoquée par les coups de mon conjoint. J’étais une femme battue et un caillou s’est formé sans que je le sache. Je suis partie avec mes deux enfants, j’étais aide soignante à domicile.
Mes parents ont tout fait : les démarches pour l’AAH et la pension d’invalidité. 890€ mensuels pendant des années, avec deux enfants ! Pas le droit à d’autres aides. Aujourd’hui, je suis mariée depuis 2016. Mon AAH est maintenant de 375€ au lieu de 690€ . Mon mari est retraité, il a 1180€. Ce n’est pas la joie, je dépends de mon mari.
Loyer 490€
EDF 135€
Eau 45€
Prêt 250€
Assurance 300€
Mutuelle 290€
Téléphone internet 45€
Bracelet d’assistance SOS 63 € (que je vais devoir rendre faute d’argent)
Nous vivons chaque mois à découvert, et c’est de pire en pire.
Moi, je n’ai pas demandé à être handicapée et je suis outrée d’entendre parler de solidarité familiale : on dépend de mari, enfants, parents comme le dit la Secrétaire d’Etat en charge du Handicap.
Je suis tétraplégique gauche, aphasique, j’ai perdu ma mémoire épisodique, j’ai eu un double cancer du colon de graves problèmes de thyroïde. Sans compter les AVC. Donc la mort ne me fait pas peur !
Nous sommes les oubliés de la France ! J’espère que vous m’avez compris et que la loi passera. Car, sinon, cela aura des conséquences dramatiques.
N. B. : L’équipe du prixdelamour.fr a aidé Sylvie à rédiger son témoignage.
Je suis en colère ce matin. Je ne comprendrai jamais pourquoi, chez un couple lambda qui travaille, on ne leur supprime pas l’un des deux salaires ! Parce qu’au fond c’est ce qu’ils font avec nous ! À moins que l’État considère que le handicap, c’est la belle vie et l’AAH de l’argent de poche…
Je ne comprendrai jamais leurs arguments alors je vais faire une mise au point.
Mon handicap, c’est un traitement très lourd contre la douleur qui n’est pas magique. Il ne me permet pas de marcher, de danser, de faire la fête, d’utiliser mon temps libre volé à la société pour vivre la belle vie. À cause de lui je dors 15h par jour pour une efficacité qui est loin d’être miraculeuse. La douleur est toujours là en permanence, 40/10 en période de crise neuropathiques et cela depuis 13 ans sans une journée de répit. J’ai deux heures de kiné à domicile par semaine + une heure d’activité physique adaptée par jour (ça c’est moi qui me l’impose pour ne pas me laisser rouiller par l’arthrose). Une psychologue tous les jeudis. Un infirmier tous les jours sans compter les rendez-vous à l’hôpital. Je ne me fais aucune illusion, je mourrai jeune. Le traitement que je prends est dangereux pour le cœur, affecte ma mémoire et mes problèmes d’équilibre peuvent entraîner un accident domestique à chaque instant. J’ai subi une sleeve pour que ma vie alitée ne me fasse pas prendre trop de poids. J’ai décidé ça le jour où je suis arrivée à 124 kg. Aujourd’hui je stagne autour de 100kg et surtout je ne grossis plus. Je dois me satisfaire de ça.
Avant l’erreur médicale qui m’a clouée au lit et parfois dans un fauteuil, j’avais une magnifique fille de 17 ans qui s’est suicidée alors que j’étais à l’hôpital. J’avais un boulot de rêve, je pesais 80 kg et j’avais un amant et des tas d’amis. Cette vie a entièrement disparue. Est-ce que c’est ce que je souhaitais ? Traîner au lit toute la journée devant la télé ? Évidemment que non. C’est à devenir folle.
Il n’y a aucun moyen d’y faire entrer mon fauteuil électrique pour le charger sans condamner l’accès à la salle de bain! Les courses : 10€ par semaine de frais de livraison, parce que par temps de pandémie je ne mettrai pas les pieds dans un supermarché et moi, les petits commerçants, je n’ai pas les moyens. Petit rappel : je vis avec 903,40€ par mois. Je paye 123 € d’électricité sans chauffer même l’hiver. 165€ de loyer (Caf déduite), 121€ d’assurance voiture. Sans compter la box, l’eau, le carburant, le téléphone portable, quelques vêtements bon marché une fois par an et bien sûr l’alimentaire, les produits d’entretien, d’hygiène et la literie que je dois changer tous les ans (eh oui quand on passe sa vie alitée). Être handicapée c’est avoir mal en permanence, toujours entourée de personnels médical, une assistante de vie tous les jours, les amis qui s’éloignent ou vous reprochent votre condition sans même s’en rendre compte (où qu’on aille il faut que ce soit accessible, c’est pénible), une vie sociale réduite à néant, l’angoisse de mourir seule chez moi, l’angoisse que la machine à laver tombe en panne, et pour couronner le tout, aucune chance de rêver à une vie commune. Pas folle la guêpe la maltraitance en couple, j’ai connu, plus jamais ! Ce seul petit espoir, on me l’a retiré des mains avec des arguments indignes, des arguments qui ont plus de 40 ans ! J’en ai marre, là je craque.
Pour le moment et jusqu’à ce que les choses changent, que les vieilles lois patriarcales de 45 ans d’âge ne m’obligent pas à accepter l’inacceptable en 2021, jamais je ne deviendrai dépendante d’un homme de toutes les façons possibles.
Voilà ce que le gouvernement veut que l’on comprenne ? « Madame, survivez, ne vivez pas, vivre est réservé à ceux qui travaillent, à ceux qui ne souffrent pas ou pas assez pour ne plus pouvoir travailler ! Vous, vous pesez lourd sur la société, vous ne lui servez à rien, pourquoi on vous donnerait de quoi avoir le droit, la possibilité d’être heureuse ? »
Ça coûterait si peu cher de rendre la dignité aux 200 000 handicapés en couple. Ça vous coûterait quoi de nous donner le droit au rêve au delà de la souffrance et du travail à temps plein, jour et nuit qu’est le handicap.
Vous rendez-vous compte qu’on vous demande le droit de vivre?
Depuis 2010, je suis reconnue handicapée à 80 % . Je suis mariée depuis 2001. Mon AAH a donc été réduite dès le début. Ma fille qui est aussi porteuse de handicap a eu 20 ans cette année, et aujourd’hui je perds encore 700 € de mon AAH ! Ma fille étant handicapée, elle vit donc bien encore à notre charge, contrairement au mode de calcul de la CAF ! Elle ne touche pas d’AAH.
Aujourd’hui nous avons du mal à joindre les deux bouts, notre loyer est de 750 € .
Je n’ai pas demandé à ne pas pouvoir travailler, mon état de santé est indépendant de ma volonté, de celle de ma famille. J’espère que le gouvernement va sérieusement se pencher sur notre cas, le cas de milliers de foyers devenus précaires.