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Nicolas : «Je me sens mal…»

Je suis en couple depuis 15 ans et marié depuis 5 ans. Aujourd’hui je ne touche plus l’AAH.

Je me sens mal de ne plus pouvoir travailler à cause de ma santé et mal de ne pas pouvoir participer financièrement aux dépenses de notre foyer.

Psychologiquement cette situation me déprime et à deux c’est difficile de vivre avec un seul salaire.

Je trouve cela vraiment honteux de prendre en compte le salaire du conjoint ou de la conjointe de la personne handicapée !

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Angélique : « Je vis dans le péché…»

J’ai 45 ans et je vis dans le péché avec Didier. Par péché, je veux dire tout ce qui englobe les mots qui désignent un couple. Je vis donc AUX CROCHETS DE MONSIEUR.   

Eh oui, je savais que ça allait encore arriver ! Une amputation de ma liberté financière après le départ de ma fille pour ses études. Mais autant !

Je ne pensais pas que je passerai de 520 € à 68€  ! C’est vraiment incroyable !


 Parce que j’ai oublié de vous dire, je suis handicapée dans l’incapacité de travailler ! Je suis dans le cercle vicieux de l’AAH, ce système soit disant pour aider les personnes en situation d’handicap.  Alors déjà vivre avec un handicap, c’est un combat de tous les jours et en plus, il faut se justifier régulièrement auprès de la MDPH. Presque pleurer pour pouvoir être reconnu comme telle ! 

Aujourd’hui 22 septembre 2021, après consultation sur mon compte CAF pour la prestation AAH, mon amour-propre prend un coup . Je me sens comme un déchet de la société. Maintenant vais je devoir quémander à Didier le droit de prendre une douche ou même de manger ? Puisque je vis à ses crochets. 

On prend en compte les revenus de mon compagnon pour le versement de l’AAH alors que l’on est même pas mariés ! Dur dur de comprendre la société….


Je vous remercie de m’avoir lue même si je suis une goutte d’eau dans l’immense océan de la politique.

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Maryline : « Nous nous sommes pacsés en 2013 sans en connaître les conséquences… »

Je vis avec mon conjoint (valide) depuis 11 ans.  Nous nous sommes pacsés en 2013 sans en connaitre les conséquences… 
De 2014 à 2017 mon conjoint était embauché en CDI, à l’époque mon AAH était diminuée à 750 euros car il touchait 1100€ de paye. 
Depuis, il a eu un licenciement économique fin 2017, a dû s’arrêter de travailler car il a eu une leucémie en avril 2018 (il est en rémission jusqu’en 2028) et depuis 2019, il travaille désormais en intérim. 
En avril 2021, il a eu une proposition d’embauche en CDI dans une entreprise,

mais a dû refuser car on m’aurait supprimé où diminué fortement mon AAH.

 Je suis dans l’incapacité de travailler, donc pour occuper mon temps, je fais du bénévolat à l’APF de ma région .
Pour résumer notre situation:  » si mon conjoint travaille en CDI, je risque de perdre tout ou une partie de mon AAH, donc il est obligé de rester en intérim et n’a pas la sécurité de l’emploi. Je suis dépendante de lui financièrement et voudrais bien rester autonome » 

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Yohan : « Parfois je me demande si c’est vraiment avantageux de continuer à travailler…»

Dans le cas de mon couple, ma compagne ne pourra plus travailler suite à sa rupture d’anévrisme, et elle sera bientôt en invalidité. À partir de ce moment, elle n’aura plus aucun revenu, donc elle sera complètement dépendante de moi, financièrement.

Je pense que c’est un double poids : le handicap et la dépendance financière. 

La personne handicapée sans revenu doit toujours demander l’accord du conjoint.e pour faire une dépense. Et la personne qui travaille doit assumer la totalité des dépenses mensuelles. Je me demande si les couples dans ce cas peuvent avoir des loisirs et des projets.

Je pense que c’est de l’infantilisation, et malheureusement ceci est fréquent dans le domaine du handicap. De plus, j’ai l’impression que cette situation ressemble à l’époque où les femmes ne pouvaient pas ouvrir un compte banques, sans l’accord de leur mari.

De plus, je suis moi-même handicapé, donc j’ai des dépenses supplémentaires liées à cela, surtout pour mon fauteuil électrique.

Parfois je me demande si c’est vraiment avantageux de continuer à travailler, une fois que ma compagne sera en invalidité.

Évidemment je continuerai par amour de mon métier, mais il faudra faire attention à nos dépenses. Et je souviendrai aux besoins de ma compagne, avec plaisir. Mais ce n’est pas normal de ne pas pouvoir vivre comme un couple valide.

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Frédéric : « S’unir à une personne handicapée serait donc une forme de sacrifice ? »

Ma femme souffre d’un double handicap : une maladie rare neuromusculaire et une surdité très sévère. En comptant les 240 € d’AAH qu’elle touche, nous avons à peu près les moyens de deux personnes touchant chacune le SMIC, avec une fille qui rentre au lycée l’an prochain. Nous n’avons aucun patrimoine. Nous mangeons à notre faim, sommes locataires dans un logement chauffé, avec une petite cour. Mais ma femme vit une existence éprouvante, sans autonomie à l’extérieur (je dois prendre la voiture pour aller travailler et en avoir une 2ème nous coûtait trop cher).

Nous n’avons pas les moyens de compenser son handicap par des aménagements vraiment confortables pour elle. Il nous faut faire très attention : presque aucun « extra ».

Le quotidien est fatiguant et stressant car elle ne sait jamais vraiment à l’avance si elle va être assez « en forme » pour aller quelque part et ses rapports sociaux sont devenus aussi rares que difficiles. Elle a du mal à faire des trajets en voiture de plus de 20 km et a dû renoncer à des choses qui lui faisaient du bien, comme des séances de piscine et de massage chez un kiné.

Les études de notre fille approchent et la situation l’inquiète beaucoup. 

 Lorsque ma fille aura 20 ans, ses études ne seront sûrement pas terminées (elle a envie d’étudier et il me semble que c’est son droit dans un pays comme la France se vante d’être) et l’AAH que touche ma compagne s’envolera, moins de 4 ans après y avoir eu droit… 

Ma femme est tellement éprouvée et inquiète qu’elle envisage de divorcer. Si cela se produit, mes revenus actuels auront un peu augmenté lorsque ma fille aura 20 ans et, avec un enfant majeur à ma charge, je payerai très peu d’impôts. Nous aurions à peu près pour deux les mêmes moyens que si nous étions toujours trois, sans parler des frais de santé en moins Mon ex-femme touchera l’AAH complète, bénéficiera de la CMU pour ses frais de santé, et pourra peut-être même participer financièrement aux études de notre fille (très peu mais c’est important symboliquement et donc psychologiquement). 

Sinon, avoir voulu s’aimer et vivre comme une famille normale va nous plonger dans une période sûrement très incertaine, qui va peser lourd sur ma femme déjà épuisée, et sur notre fille qui montre déjà des signes d’anxiété, et qui n’avait rien demandé…

Les disputes qui éclatent souvent entre nous à cause de cette situation n’arrangent rien. Pour l’instant, le quotidien est dur pour ma femme qui, en plus des souffrances liées à ses pathologies, se sent responsable de nos difficultés, se dévalorise et n’a pas de reconnaissance sociale. Ironie du sort, sa maladie lui interdit en plus les médicaments contre la dépression et l’anxiété. La première commence à la menacer, et la seconde la ronge depuis bien longtemps… 

Une personne qui perçoit l’AAH est reconnue comme ne pouvant pas s’insérer normalement dans le monde du travail, et ce malgré sa volonté.

Doit-elle pour autant se considérer comme un poids lorsqu’elle envisage de mener une vie sentimentale et/ou familiale ? C’est ce à quoi la loi actuelle la condamne. Cette dernière fait pour l’instant fonctionner l’AAH comme un minimum social, qui condamne une personne handicapée sans ressources à la précarité (même en couple un conjoint n’est pas une valeur forcément stable) et à la dépendance. 

La seule alternative à cette précarité est de rester célibataire… Mais le handicap peut toucher à tout moment !

Lorsque j’ai rencontré ma future femme, elle n’était pas atteinte de surdité et avait un emploi en CDD. Elle ne touchait pas l’AAH car son taux d’invalidité était insuffisant. Elle avait tout fait pour continuer à travailler. Même accepté une place qui l’avait faite rechuter après une période de rémission. Nous avons eu le bonheur d’avoir une merveilleuse petite fille bien portante. Ma compagne comptait retrouver du travail lorsque notre fille entrerait à la maternelle. Mais avant que notre fille marche, on diagnostiqua à sa mère un début de surdité appelé à s’aggraver, avec nécessité de s’appareiller immédiatement des deux oreilles…

Rencontre avec une représentante de la MDPH : informations très lacunaires sur les aides financières (qu’il faut aller chercher aux forceps tous les quatre ans, durée de vie d’appareils auditifs à plus de 2000 € l’un) et tendance à minimiser les choses : « Si vous n’avez pas les moyens de vous appareiller les deux oreilles, commencez au moins par une… ». Dans le même entretien, proposition pour un emploi physique alors que la maladie de ma compagne lui interdit tout effort prolongé ou répétitif, et tout port de charge, comme l’avait spécifié un médecin du travail lors de son licenciement pour non aptitude physique… Ma femme n’a pas voulu s’appareiller et sa surdité s’est aggravée.

Côté professionnel, malgré une reconnaissance de travailleur handicapé et un taux réévalué (mais encore inférieur à 80 %), ma compagne ne parvient pas à trouver un emploi qu’il lui est possible d’assumer.

Sa surdité complique les choses et interagit avec son autre pathologie. Nous découvrons l’existence de la pension d’invalidité mais, encore une fois mal conseillés, nous aurions dû faire une demande plus tôt après son dernier emploi pour qu’elle la touche. Plus de dix ans plus tard, nouvelle révision du taux d’invalidité, et obtention du droit à l’AAH à l’automne 2019. 

Que dire de l’argument qui évoque une priorité de la solidarité familiale sur la solidarité nationale ? S’unir à une personne handicapée serait donc une forme de sacrifice ? Ou de charité ? Peut-être faut-il être riche pour se permettre de vivre et d’avoir des enfants avec la personne que l’on aime ? Être handicapé voudrait donc dire être un poids, être relégué aux statuts d’infirme ou d’invalide d’un autre temps ? Peut-être ne peut-on vivre et avoir des enfants avec la personne que l’on aime que si elle a les moyens de nous prendre en charge ? 

Evidemment une refonte de l’AAH représenterait une hausse des dépenses publiques alors que, selon certains, elle ne répondrait pas à un besoin urgent. Mais les allocations familiales versées sans conditions de ressources sont-elles alors une dépense vraiment nécessaire ? Si la solidarité familiale doit prendre le relais de la solidarité nationale lorsque c’est possible, est-ce que donner de l’argent à une famille ayant plusieurs enfants et quels que soient ses revenus, est une dépense juste et répondant forcément à une situation critique ? Pourquoi l’AAH de ma femme disparaîtrait-elle aux 20 ans de notre fille alors que les familles imposables (et donc en particulier celles ayant quelques moyens…) peuvent bénéficier de réductions d’impôts lorsqu’elles ont des enfants étudiants, et ce jusqu’aux 26 ans de ces derniers ?

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Marie : « Mon handicap est individuel, alors pourquoi l’allocation ne l’est pas ? »

Âgée de 54 ans, je suis atteinte de polyarthrite psoriasique depuis une trentaine d’année. J’ai travaillé en m’adaptant et en diminuant peu à peu mon temps de travail. J’ai finalement renoncé, et j’ai cessé mon activité à cause de ma maladie qui progresse.

On m’a donc attribué l’AAH, mais je ne peux pas en bénéficier, je suis mariée et mon époux travaille ! Je ne comprends pas cette injustice, je ne comprends pas qu’il faille prendre en compte son salaire !

Je ne comprends pas : mon handicap est individuel, alors pourquoi l’allocation ne l’est pas ? Je ne comprends pas qu’il faille choisir de ne pas mener une vie de couple lorsque on est en situation de handicap. Pourquoi aucune solution ? Pourquoi sommes-nous les oubliés, livrés à nous-mêmes ? 

Je me sens totalement abandonnée, inutile, déprimée, vulnérable, si seule. Je subis la maladie tous les jours, toutes les nuits, je perds jour après jour de la mobilité. Mon mari est le seul à m’aider dans la vie quotidienne et maintenant, il doit prendre en charge toutes les dépenses du foyer. Je dois établir un budget strict, je m’angoisse, j’ai peur que l’on n’arrive pas à boucler la fin du mois, je m’inquiète…

Et si une dépense imprévue survenait ?

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Hélène : « Je suis en grève de la faim depuis 5 jours. »

Je suis Hélène, 50 ans, maman de 4 enfants.  J’ai été victime d’un grave accident de la route en 1994. En 1996, la MDPH m’a reconnue handicapée physique et mental, donc dans l’impossibilité de travailler. 

Aujourd’hui, alors que je suis encore plus invalide qu’il y a des années et plus âgée, mon AAH va diminuer de 75 % pour le mois de juin ! Car mon mari malade touche une pension d’invalidité du Luxembourg. Sa pension est trop élevée pour que je puisse avoir mon AAH à taux plein. Nous avons encore 2 enfants à charge. Sans oublier les crédits immobiliers, auto, les factures, la nourriture, etc.  

 Je suis en grève de la faim depuis 5 jours. Les membres de ma famille sont en état de choc. Je me sens de plus en plus affaiblie. Je ne pense pas tenir jusqu’à la date du 17 juin. C’est la triste réalité.  

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« Merci de détruire nos rêves, merci de détruire nos vies, merci de détruire notre amour ! »

Je touche  l’AAH suite à un accident grave de parapente, des douleurs quotidiennes m’empêchant de tenir une position statique assise/debout/couché plus d’une heure et beaucoup d’antidouleur de palier 3 m’empêchant de me concentrer, donc impossible de travailler dans ces conditions. Avant de décider de nous mettre en couple, j’ai appelé la CAF pour savoir combien je perdrais d’AAH, ils n’ont JAMAIS VOULU ME DONNER CETTE INFORMATION ! 

Leur réponse : « Ce n’est pas le montant de vos aides qui doit décider de votre situation familiale ».

Durant 2 mois j’ai téléphoné, fait des mails, des courriers y compris à la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales) et je n’ai jamais eu de réponse !

Nous avons alors décidé d’avancer malgré tout, par amour et à cause de mon état de santé qui se dégrade… La suite vous la connaissez, la CAF supprime totalement mon AAH car mon amie touche 200€ de trop par rapport au plafond annuel ridiculement bas de 19 650€ pour 2. Nous nous étions pacsés, avons signé chez le notaire pour l’achat d’une maison en commun, revendu nos 2 maisons, et tout cela doit être annulé à cause de la CAF, c’est réellement la descente aux enfers !

Nous perdons tout, mais nous n’avons pas le choix. Soit nous perdons tout, soit on nous supprime tout… C’est ça le système de l’AAH…

Je n’ai pas de mots assez forts pour exprimer ma tristesse, mon dégout…
Résumé d’échanges avec la CAF au sujet de l’AAH :    

– Moi : « Bonjour, je suis titulaire de l’AAH, mais mon état de santé s’aggravant, les taches de la vie quotidienne sont très difficiles, mon amie étant infirmière, pour m’aider et bien sûr, par amour, nous avons pris la décision de vivre ensemble à partir d’aout 2021, nous vendons nos 2 maisons pour en acheter une en commun à cette adresse : *****. »
– Réponse de la CAF : « Nous avons bien pris note de votre changement de situation et aux vues des revenus de votre compagne,

nous vous supprimons immédiatement et totalement votre AAH

et comme vous êtes pacsés le mois dernier, vous nous devez 1804€ (AAH Mai/juin) »
– Moi : « Merci de ne pas avoir voulu me le dire dit quand j’ai téléphoné pour avoir cette précieuse information ! Ne pouvant pas travailler, je ne peux donc plus payer mes médicaments, mes consultations au médecin (car je n’ai pas de mutuelle et pas les moyens d’en avoir une, (car étant à l’AAH visiblement je gagne « TROP » pour avoir la CMU), plus payer ma nourriture, donc à part aller faire la manche dans la rue, nous sommes donc dans l’obligation de revendre notre maison alors que nous n’avons même pas encore emménagé pour vivre à nouveau séparément ! (et avoir perdu beaucoup d’argent entre temps !)

Merci de détruire nos rêves, merci de détruire nos vies, merci de détruire notre amour ! Et ça dit être un organisme « SOCIAL » ?! Je ne vois aucune humanité dans cela… Quelle honte…

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« Il me reste environ 30 € par mois pour vivre. »

Je suis atteint d’une maladie génétique depuis mes 12 ans, elle est évaluée à 80%. En 1999, j’ai été opéré dans l’espoir de retrouver une « vie normale ». Celle-ci ayant échouée, on m’a opéré une dizaine de fois par la suite.

Le temps passé à l’hôpital a donc considérablement bouleversé mon parcours scolaire. Après plusieurs formations dans les métiers de l’image, j’ai été employé. Mon employeur a rompu mon contrat avant la fin de la période d’essai me jugeant insuffisamment productif aux yeux du monde du travail. Cela s’est répété d’entretien en entretien. Malgré les douleurs intenses quotidiennes et persistantes, je me suis tourné vers les associations pour rester actif et ne pas vivre isolé.  Jusqu’à juin 2015, je vivais seul dans mon appartement.

Malgré tous les échecs accumulés, j’étais indépendant. Les aides de la CAF avec l’AAH, la majoration pour la vie autonome ainsi que l’aide au logement me permettaient de vivre et d’assumer les frais liés à ma maladie. 

Dans ma vie privée, j’ai trouvé le bonheur. Depuis juin 2015, j’ai emménagé avec mon amie. Il a fallu des mois de recherche et surmonter de nombreux obstacles pour trouver notre appartement. Le logement devait être accessible avec un ascenseur pour que je puisse y entrer en fauteuil. Un logement récent, donc plus cher par rapport à ce que j’aurai pu rechercher si je n’avais pas eu d’handicap.  Nous avions pris en compte nos revenus par rapport au montant du loyer et fait une simulation sur le site de la CAF pour évaluer le montant des aides.

Cette simulation n’a jamais indiquée une baisse de mon AAH et la suppression de la majoration pour la vie autonôme.

Mes ressources subissent une perte de 422 € depuis le nouveau calcul de la CAF.  Maintenant, je me trouve dans une situation financière très compliquée. Sans compter mon budget alimentation et les à-côtés de la vie, il me reste environ 30 € par mois pour vivre.

Je deviens dépendant de ma compagne alors que j’ai toujours lutté pour mon autonomie. J’avais acquis une vie presque comme les autres, ce fut un long et rude combat pour en arriver là.

Je vis cette situation actuelle comme un échec et une injustice après à tous les sacrifices que j’ai mené pendant 21 ans. Je suis révolté par le mode de calcul qu’effectue la CAF, il est injuste et totalement discriminatoire. Ma situation pourra difficilement évoluer puisque mes aides sont calculées sur les revenus de ma compagne. 

Ma situation est bien différente à celle d’une personne percevant le RSA car je ne peux pas travailler.

Si j’avais habité chez mes parents, j’aurais perçu l’AAH à taux plein car leurs ressources ne sont pas prises en compte.  Cette situation risque de fragiliser ma vie de couple. Je constate que je suis condamné à vivre avec le minium, d’être en permanence dépendant de ma compagne. Quand le salaire de mon amie augmentera, cela entraînera une baisse de mes ressources. Elle aussi se sent freinée dans son travail, par peur que je perde mon AAH et de devoir assumer seule notre vie financière à 2, ma compagne se refuse toute évolution de carrière. Indépendamment de ma volonté, cette situation précaire risque de m’isoler socialement petit à petit. D’un point de vue fiscal, ma compagne et moi sommes également tous les deux pénalisés.

Nous ne sommes ni mariés, ni pacsés et pour autant nous ne pouvons pas faire une déclaration commune.

Mon amie assume déjà la baisse de mes revenus et elle doit malgré tout payer ses impôts comme si elle vivait seule.  

Il est urgent que les personnes handicapées vivant en couple mariés ou non puissent conserver une autonomie financière. Cela passe par l’individualisation de l’AAH et le vote à l’assemblée du 17 juin.  

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Patricia : « Moi, femme, je me retrouve sans choix, sans espoir. »

Je suis une maman de 46 ans, et depuis 3 ans je souffre de cancers, fibromyalgie et neuropathie. D’une vie active, je suis passée à une vie de maman solo avec 3 filles, sans pension alimentaire, et dépendante de mon nouveau compagnon.

Oui, comme une enfant, je dois demander, quémander mon petit argent de poche !

Lui fait de son mieux, il travaille et a mes filles et moi à charge. Il n’a aucune reconnaissance, ni même pour ses impôts, mais par contre toutes les obligations ! Il paye chaque mois deux pensions alimentaires d’une autre union. Il a un salaire correct, et pourtant on vit en dessous du minimum de pauvreté.
Si j’étais valide, je pourrais espérer changer la situation en trouvant un emploi. Mais non, ce n’est pas le cas ! Je suis devenue dépressive, dépendante financièrement et ce pas par choix, oh non !!!
Comment peut t-on nous laisser ainsi, en situation de mendicité ?!

Psychologiquement j’ai déjà pensé au pire, j’ai essayé le pire, vu que je suis un boulet qui pompe et ne sert à rien… Heureusement je suis aidée psychologiquement maintenant.

Acheter même une culotte à ma fille passe par mon compagnon, c’est violent, vraiment très violent !

Il n’est pas leur père. Il faut qu’on nous entende ! Si je demandais le RSA qui serait refusé à cause des revenus du conjoint je trouverais ça normal. Pourquoi ? Car  je pourrais me débrouiller pour travailler, quand on veut, on peut, puisqu’on est valide ! 

Mais en invalidité, le « quand on veut, on peut » n’est pas possible ! J’en pleure et encore je cache mon ressenti aux gens. Moi, femme, je me retrouve sans choix, sans espoir.

C’est bête mais même pour dire merci à mon compagnon qui est aussi mon infirmier, mon homme de ménage, mon taxi… Je ne peux lui acheter un cadeau qu’avec ses sous. J’essaie de me débrouiller, mais c’est très dur. Ma peau porte les stigmates de mon mal être, et mes filles souffrent avec moi.

Une vie où les jours passent un à un, où on se bat pour essayer de moins souffrir. Nous sommes les oubliés, nous vivons dans la honte, on perd notre honneur, nous n’avons plus aucune indépendance .