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Sylvie : «Je ne comprends pas ce mode de calcul»

Cela fait 17 ans que je suis en couple avec mon conjoint, il touche actuellement le SMIC. Je touche donc 672€ d’AAH. Je souhaiterais vraiment toucher l’AAH à taux plein, car Monsieur règle mes factures, mon assurance automobile, etc. Je ne comprends pas ce mode de calcul, pourquoi avec un SMIC je ne touche pas l’AAH en plein ? Je ne veux absolument pas dépendre de mon conjoint. J’estime que même avec un handicap nous avons le droit d’aimer. Je n’ai absolument pas demandé à être invalide…  Je suis en couple, et alors ?

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Philippe : «Je suis à la charge de mon épouse »

J’ ai un taux d’invalidité de 80 % depuis de nombreuses années et tant que nous avions des enfants à charge, je touchais l’AAH à taux plein, puis à taux réduit. Aujourd’hui, mon épouse qui a travaillé toute sa vie pour un salaire moyen se retrouve avec 2 personnes à charge : moi qui ne touche plus du tout d’AAH et ma fille, étudiante qui n’est pas prise en compte pour le calcul de l’AAH car elle a 20 ans révolus.

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Valérie : «Notre famille entière subit mon handicap»

Handicapée depuis l’âge de 34 ans suite à un accident de la route, puis après avoir subi 2 cancers, je me suis retrouvée dans l’impossibilité de travailler. Aujourd’hui, j’ai 51 ans et je dépends financièrement de mon époux. Mon AAH a diminué de moitié depuis que celui-ci a un salaire compris entre 1300 € et 1600 €, selon les mois. Mon AAH est de 476 euros, je vous laisse calculer ! Notre famille entière subit mon handicap ! J’espère que les députés feront preuve de bon sens, car c’est moi qui suis handicapée et non mon époux !


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Khalida : «Je n’ai plus de joie de vivre»

Je suis une personne qui s’est vue couper l’AAH ! Malheureusement dans mon couple, ça ne va plus. Je suis  au bout de ma vie. Être indépendante de mon conjoint n’est plus possible pour moi. Les personnes bénéficiant de l’AAH et en couple  sont punies moralement et physiquement !  Nous passons pour des moins que rien et j’en passe !

Nous n’avons pas demandé à être malades, nous sommes dans une souffrance terrible ! J’ai deux enfant en bas âge. Ils sont tous les deux autistes. Je n’ai plus de joie de vivre. Je ne peux plus vivre convenablement avec mes enfants. Je ne suis rien. J’ai lancé un appel à l’aide à la CAF. On m’a balancé : « Si vous n’êtes pas contente, écrivez au président ! » 

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Soraya : «J’ai eu envie de mourir, oui mourir ! M’effacer pour les miens. Je n’avais plus rien à offrir»

Malgré le diagnostic de ma maladie orpheline en 2006, j’ai lutté des années pour continuer à travailler, jusqu’à empirer mon état… Je suis depuis reconnue handicapée et on m’a expliqué que je ne travaillerai plus. S’en est suivie une dépression car je ne pouvais accepter cette nouvelle vie. J’ai découvert le monde du handicap et c’est effrayant… Des démarches interminables et lourdes s’en suivirent. 

Je suis aujourd’hui dépendante physiquement de mon compagnon, car parfois il doit me laver. Il fait la cuisine avec nos deux filles, les courses, le ménage. Les revenus ayant baissé… J’ai donc fait la demande d’AAH contrainte et forcée. J’ai eu envie de mourir, oui mourir ! M’effacer pour les miens. Je n’avais plus rien à offrir, sauf la « charge d’une handicapée ». Plus de vacances, plus de cinéma, de restaurant. Cette allocation était tout de même la bienvenue pour mon foyer car nous sommes 4.

Ma cadette a eu 20 ans et là… deuxième claque ! Mon AAH était pour ainsi dire supprimée ! Je ne touche plus que 21€90 par mois car ma fille a eu 20 ans. Quel est le rapport ?!

Résultat, je me retrouve complètement dépendante de mon conjoint et de son salaire. Je me sens humiliée, inutile. Naïve, je pensais que c’était une allocation pour moi, pour compenser mon handicap, ma souffrance physique et psychologique, mais surtout pour le fait que je ne pourrai plus jamais travailler.

Et là, je découvre que ce n’est absolument pas ça ! La CAF considère que c’est un revenu ! Hallucinant ! La loi m’enlève tout ce qui me restait : ma dignité, et c’est insupportable ! La loi m’enlève mon indépendance.

À 52 ans, j’ai le sentiment d’être mise sous tutelle, et c’est insupportable.

Jamais je n’aurais imaginé qu’on puisse nous traiter aussi mal. Récemment, j’ai reçu un courrier envoyé par le département, pour me signaler à la mairie de ma commune comme personne vulnérable… J’ai jeté ce papier par colère ! Et par honte… Il faut absolument nous rendre notre droit à l’autonomie, à l’individualité. Je ne veux plus être une charge pour mon compagnon, il en fait déjà tant ! 

J’espère que mon témoignage permettra de vous faire comprendre ce qu’est pour nous l’AAH.

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Tatiana : « Je suis entièrement dépendante et j’ai l’impression d’être un boulet de la société ! »

Je suis en couple avec une femme, nous ne sommes pas mariées. Je touche l’AAH depuis 2017 suite à un diagnostic de malformation Arnold Chiari. Je ne peux plus travailler et mon AAH varie en fonction de ce que touche ma conjointe. Je suis entièrement dépendante d’elle et j’ai l’impression d’être un boulet de la société !

Je m’interdis parfois même de lui demander de l’argent pour de la nourriture. Ce qui pour ma part est écœurant ! Étant un couple homosexuel, ils nous considèrent en couple que lorsque cela les arrange. Nous n’avons pas choisi d’être malade. Si on avait le choix, on irait tous travailler et on ne demanderait strictement rien… Mais j’ai  l’impression qu’ils ne comprennent pas ce que c’est que de toucher l’AAH et d’être en couple. Je suis écœurée, dépitée. 

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Claire : « Je suis une ex victime de violences conjugales »

Je suis une ex victime de violences conjugales. Et pour ne plus en subir, je vis seule depuis plus de 15 ans, sans attache. Parce que ma perte d’autonomie financière est un risque réel de me trouver de nouveau en état de soumission totale ! Perdre ses droits, perdre son identité, perdre ses repères… Puis vivre dans l’isolément avec le handicap. Ces situations sont toujours plus difficile à dénoncer, à faire comprendre à son entourage.

Alors le choix est simple, la solitude totale ! Ma perte d’autonomie financière est un risque réel de me trouver de nouveau en état de soumission totale ! Il coûte cher en terme d’accompagnement, de logements à adapter. Notre maladie ne doit pas être une double peine !

Être handicapé-e, ce n’est pas un choix, c’est un état limitant nos choix  ! Alors nous condamner à  vivre seuls-es c’est une discrimination sociale et une mise « sous tutelle » de notre citoyenneté.

Nous sommes suffisamment dépendants-tes de notre corps pour ne plus subir les recherches d’économie de l’État à tout va. Être malade, handicapé-e ce n’est pas un choix c’est notre réalité. 

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Fernando & Claire : «Pouvoir, au moins, maitriser l’aspect financier à défaut du physique et du mental»

Fernando

Mon épouse et moi sommes amoureux depuis 30 ans, mariés depuis  17 ans. 3 enfants. Tous à charge puisque les grands sont en études et le plus petit a 4 ans. Mon épouse est handicapée à 80 % depuis plusieurs années et touche actuellement l’allocation pour adultes handicapés.

Faut-il que nous divorcions afin qu’elle ne perde pas son autonomie financière ?

Elle angoisse à l’idée de perdre son AAH, son autonomie, lorsque les grands ne seront plus comptés à charge et si mon salaire venait à évoluer. Nous avons déjà du mal à boucler les fins de mois, nous ne partons jamais en vacances et ne faisons aucune sortie. Elle se sent déjà comme un poids à cause de ses difficultés. Je dois presque la forcer à s’acheter ce dont elle a besoin.

Comment peut on retirer sa dignité à un être humain qui n’a pas demandé son handicap ? Qui ne réclame pas la charité mais simplement le droit de vivre en autonomie et non au crochet de quelqu’un ?

Même si je l’aime et que jamais elle ne sera un poids pour moi, elle le ressentira ainsi. C’est certain. Elle est fragile physiquement et moralement, mais elle a décidé qu’elle ferait la grève de la faim si l’AAH lui est retirée. Je suis horrifié.

S’il vous plait, ne lui retirez pas sa dignité.

Claire

Je m’appelle Claire, 44 ans, mariée depuis 17 ans mais en couple avec mon mari depuis 1991. Nous avons 3 enfants de 20, 18 et 4 ans. Je suis handicapée à 80 % et actuellement je touche l’AAH. Je suis pour le moment à peu près autonome financièrement.

Mais, lorsque mes deux grands ne seront plus à charge ? Que mon mari aura un salaire augmenté ? Devrais-je redevenir un boulet ? N’avoir plus aucun revenu ?

J’aimerais pouvoir travailler, avoir des loisirs et des plaisirs, mais je ne peux pas.

Je suis reconnaissante de pouvoir toucher cette allocation sans laquelle nous ne pourrions pas faire face aux dépenses liées à mon handicap, au manque de salaire également. Si je ne l’ai plus , je perdrai ma dignité, mon indépendance, la possibilité de faire des choix, des achats personnels. Comment peut t-on refuser  de nous laisser notre dignité ? Je souffre physiquement et moralement déjà. Pourquoi ne pas désolidariser l’AAH ? Vous voulez des raisons ? 

La liberté, le choix et l’indépendance. Pouvoir, au moins, maitriser l’aspect financier à défaut de physique et du mental. Ne pas être soumis.  Pouvoir vivre avec dignité.

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«Nous avons donc choisi, à la trentaine, de vivre notre amour comme deux adolescents… »

Je suis un homme de 31 ans, en couple depuis bientôt 4 ans avec une personne de 28 ans bénéficiaire de l’AAH atteinte d’une myopathie.

Nous vivons notre amour de manière singulière,

et ce, même en occultant le handicap de ma compagne, j’aime dire que nous sommes des originaux ou mieux des marginaux. Ne pouvant pas travailler à cause de sa maladie,

elle est contrainte de vivre chez ses parents,

non pas qu’ils soient mauvais, loin de là, je les adore.

Mais cette contrainte est bien présente en raison de la privation de liberté de pouvoir choisir de vivre avec moi. Pourquoi ? Parce que l’aide appelée AAH est solidaire des revenus de tout conjoint éventuel ou même de la famille.

Le handicap est individuel mais l’allocation associée est solidaire, totalement fou.

Il paraît que je gagne trop bien ma vie ! Je ne pensais pas le dire un jour avec autant de tristesse mais mon salaire est trop élevé pour que ma chérie conserve son AAH. En effet, selon les dires, en France, lorsque vous percevez environ 1700 euros de salaire, vous ne pouvez pas prétendre à une vie normale avec une personne que vous aimez, du moment que celle-ci perçoit l’AAH. Ces mêmes 1700 euros seraient le seul et unique revenu de notre foyer, privant de nouveau la femme que j’aime de la liberté de choisir d’être indépendante.

Je ne veux pas la faire souffrir et nous avons donc choisi, à la trentaine, de vivre notre amour comme deux adolescents…

Les weekends, lorsque c’est possible, elle fait sa valise et me rejoint dans mon petit T2. Nous passons un bon moment et le dimanche soir, elle retourne vivre dans sa chambre de 12 m², oui 12m², est-ce épanouissant de vivre seule la journée et de n’avoir comme intimité qu’une simple pièce ? Je ne crois pas.

Nous aimerions construire notre futur et évoquer des projets, mais le couperet tombe à chaque fois qu’une « union » quelle qu’elle soit doit exister car au-delà de l’amour, c’est tout un confort de vie qui disparaîtrait et il n’en est pas question.

J’appelle le gouvernement français à comprendre un peu plus ce que vivent des milliers de couples comme le nôtre, qui n’osent pas franchir le pas à cause d’un revenu conditionné, un pays qui prône la Liberté, l’Égalité et la Fraternité doit tenir compte du

SOS général lancé par toute cette population qui ne demande qu’à vivre comme les autres et à pouvoir aimer comme les autres.

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Irma : «Mon droit à l’AAH n’existe que sur le papier.»

La dépendance heureuse.  Ah, mais tu es heureuse, alors, tout va bien, c’est l’essentiel …
À 51 ans, atteinte de Polyarthrite Rhumatoïde depuis l’âge de 14 ans, je ne me souviens plus du tout de ce que c’est de passer 24h sans douleur. Je ne vais pas dire que cette maladie m’a tout pris, car ce serait mentir, mais c’est certain, elle m’a volé mes rêves de jeunesse : rêve d’études, rêve de travail, rêve de maternité et surtout rêve d’indépendance.

Malgré la maladie, je rencontre l’amour. Nous nous marions et sommes heureux depuis plus de 30 ans. 

À 22 ans, je suis reconnue handicapée à 55% et droit à l’AAH, à 26 ans, je passe à 80%. Mais le revenu de mon mari fait que depuis de nombreux années, mon droit à l’AAH n’existe que sur le papier. Pas une seule fois, mon mari m’a fait me sentir comme un poids.

Néanmoins, à l’achat de notre appartement, il était seul à pouvoir emprunter, c’était pour moi la première humiliation.

À deux, nous aurions pu voir plus grand. L’envie de fonder une famille était là, mais entre la maladie et la situation financière, ce choix a été repoussé jusqu’à … son abandon.À 45 ans, ne pouvant plus marcher plus de 100 m,  je dois passer le permis conduire. J’en ai toujours rêvé, mais financièrement c’était pas dans le budget, car il n’y a aucune aide, si ce n’est pas pour le besoin du travail.  La PCH* m’a été refusée pour le changement du véhicule (automatique) ainsi que pour l’installation de l’ascenseur. Des frais lourds mais essentiels à mon autonomie. Là encore, c’est mon mari qui a payé. 

Le pire, c’est d’être tiraillé entre l’injustice de cette dépendance et l’impression de chance d’avoir un toit sur la tête et un frigo rempli.  

Aujourd’hui, je suis triste de me dire que nous aurions pu faire des choix de vie différents si j’avais touché l’AAH durant toutes ces années. Mais ne pouvant changer le passé, j’aime espérer qu’enfin le calcul change et que

la loi de désolidarisation des revenus du couple voit enfin le jour, que je puisse un jour alléger le quotidien de mon mari, comme lui le fait depuis le début pour moi. 

*PCH : Prestation de compensation du handicap