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Anne : « Je voudrais témoigner en tant que conjointe »

Mon mari perçoit l’AAH depuis plusieurs années et son handicap n’est pas réversible. Je perçois de petits revenus. C’est-à-dire généralement moins que le SMIC mensuel temps complet.

Notre stress, au-delà du fait de vivre en dessous du seuil de pauvreté français, c’est qu’à la moindre variation de mes revenus, nous perdons de notre revenu global.

Depuis des années, je refuse des opportunités de travail et d’évolution dans ma carrière, car le salaire proposé même s’il est intéressant, ne suffirait pas à compenser la perte d’AAH et d’allocation logement de mon mari.

En gros, je ne peux prendre aucun risque qui nous ferait perdre ne serait-ce que 50 € ou 100€ sur un revenu mensuel global d’un budget plus que serré. En plus de cela, depuis des années, je n’ai droit à aucune aide par ailleurs. Pas de prime d’activité pour moi, pas d’allocation logement, rien. Je gagne moins que le SMIC mensuel, mais vu que mon mari perçoit l’AAH, je n’ai droit à aucune prime d’activité depuis sa création.

En plus depuis janvier 2021, l’AAH et les allocations logements de mon mari ont baissé.

Le calcul était censé être à l’avantage des bénéficiaires mais il n’en est rien.

De mon côté, je veux bien travailler plus mais la moindre variation de salaire pour moi nous coûte plus qu’elle ne nous rapporte.

Et le calcul de l’AAH et des allocation logements est tellement obscure qu’il est quasi impossible de prévoir et de calculer par nous-même.

Donc en résumé, ma carrière est en sourdine, je n’ai pas droit à la prime d’activité qui devrait en moyenne être de 300€ mensuel pour moi, je n’ai pas droit à une aide au logement et il m’est impossible de connaitre à l’avance l’incidence précise de mon activité sur les aides de mon mari.

Donc concrètement aimer et vivre avec mon mari me coûte cher, très cher même. Est-ce que c’est une source de stress ? Oui, pour nous deux. Évidemment on a pensé à divorcer. Mais c’est hors de question. Autrement ça voudrait dire qu’ils ont gagné, or il n’y a jamais rien à gagner à renier ceux que l’on aime. 

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Pauline : « Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière. »

Je me présente Pauline 26 ans, je suis atteinte d’un handicap moteur de naissance.

Aujourd’hui,

malgré ma détermination et mon acharnement pour trouver un emploi dans mon domaine, rien n’y fait,

sauf quand je ne mentionne pas que j’ai une RQTH*, je ne suis pas prise en entretien. Mais voilà, mon handicap reste visible et je ne peux le cacher bien longtemps. 

Je fais face à beaucoup de préjugés et pour trouver un emploi, c’est compliqué.

Aujourd’hui, malgré mon BTS, je me suis résignée à faire une demande à la MDPH pour travailler en ESAT** : pour pouvoir avoir une chance de ne dépendre financièrement de personne. Malheureusement, le temps d’attente est très long pour avoir un poste de travail en ESAT.

Aujourd’hui, je vis en concubinage avec mon ami depuis septembre 2018. J’étais très heureuse, car la MDPH venait à cette époque, après un long combat, d’accepter ma demande d’AAH : Nous pouvions enfin vivre ensemble !

Sauf que du jour au lendemain, j’ai vu mon AAH fondre comme neige au soleil et aujourd’hui je me retrouve quasiment dépendante de lui, ce qui entraîne de nombreuses disputes.

Je trouve ça injuste car mon handicap, il ne devrait pas le subir.

Aujourd’hui je demande que la loi passe, pour que je retrouve ma liberté, ma dignité et mon autonomie financière.

* RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé.

** ESAT : Établissement et Service d’Aide par le Travail.

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Geneviève : « Quel est le bon choix, l’amour ou l’AAH ? »

J’ai 58 ans et depuis 2012 je touche l’AAH suite à de gros soucis de santé qui m’ont laissé des séquelles neurologiques et cardiologiques. Je dois vivre de surcroit avec une autre maladie hormonale non stabilisée. Je souffre au quotidien de douleurs intenses. Mais malgré toutes mes souffrances, j’ai des projets de vie de couple. En mai 2021, je vais emménager avec mon conjoint.

Double peine pour nous puisque je vais perdre tout mes droits car il travaille !

Maintenant, je stresse sans arrêt, je me demande comment je vais pouvoir l’aider à payer le loyer et les autres factures.

Je ne vous cache pas que depuis quelques semaines, je n’en dors plus la nuit. Ai-je fait le bon choix ?

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Carole : « Renoncer à l’amour pour continuer à élever ses enfants »

Je suis comme ils disent : une handicapée invisible. Ma fille de 19 ans est mon aidante quand elle n’est pas à son service civique. Deux fois par semaine, une personne vient pour aider au ménage. J’ai aussi un fils de 12 ans, en situation de handicap, qui est scolarisé en classe ULIS. La semaine, mon fils vit en famille d’accueil, et le week-end avec moi. Aujourd’hui, l’homme avec qui j’aimerais partager ma vie vit à 600 km de chez moi. Je renonce à vivre en couple avec lui car je ne toucherai plus d’AAH et d’AEH pour mon fils, ainsi que les pensions alimentaires pour mes enfants données par la CAF.

Je refuse donc de vivre avec lui pour ne pas avoir à quémander telle une mendiante de l’argent pour continuer d’élever mes enfants.

Souffrant de cette injustice, j’aimerai pourtant vivre l’amour ! Dieu sait que j’aurais besoin de quelqu’un au quotidien.

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Lætitia : « Vivre sereinement et être libre de mes choix »

J’ai un handicap à 80 % depuis 10 ans. Je ne travaille plus malheureusement. Je ne touche pas l’AAH car mon mari perçoit une allocation « travailleur de l’amiante » depuis 2018. Je n’ai aucune ressource, je suis à sa charge, je n’ai plus de plaisir personnel car je me sens obligée de lui demander de l’argent. Pour moi, ce n’est pas une vie, je trouve ça injuste !

Le handicap en lui-même est compliqué, mais devoir être toujours à demander de l’argent, c’est usant !

Même si mon mari ne le perçoit pas comme moi, je me sens redevable tous les jours.

Je ne demande pas des millions, mais un minimum pour vivre sereinement et pour être libre de mes choix.

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Bénédicte : « Avec 1800 euros tout compris pour trois il faut compter chaque sous »

Voilà, je percevais jusque là une AAH à taux plein et mon mari une pension d’invalidité avec une AAH différentielle de 200 euros. Depuis que mon mari est à la retraite il dépasse le plafond de 180 euros et n’a plus d’AAH. 200 euros, c’est peu, c’est vrai, mais c’est comme si une fois à la retraite son handicap avait disparu ! Mais il est toujours handicapé ! Avec les plafonds, mon AAH à moi aussi est réduite de 200 euros. De plus, notre fils de 20 ans est revenu vivre chez nous. Nous l’aidons comme nous pouvons car jusqu’à ses 25 ans il n’a droit à rien, juste une complémentaire santé.

Nous avons encore la chance d’être propriétaires, mais avec 1800 euros tout compris pour trois il faut compter chaque sous.

Nous n’espérons plus grand chose maintenant avec notre âge et notre handicap (moteur et visuel).

L’argent n’est pas le plus important, nous sommes juste fatigués de nous battre pour tout.

Notre vie a été difficile, semé d’embûches et de malheurs (comme le suicide de ma fille). Nous nous n’avons plus aucun espoir concernant ce monde. Mais pour ceux qui garde l’espoir, battez vous ! Courage et relevez la tête ! Vous n’êtes pas des machines à mettre au rebus ! Le handicap n’est pas une tare dans ce monde parfait. Merci de publier tout ces témoignages en espérant que les choses bougent.

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Martine : « Je ne veux pas que ma fille handicapée vive la même dépendance que moi »

Bonjour, je m’appelle Martine. J’ai 59 ans, je suis reconnue travailleur handicapé entre 50 et 80 %. Je suis éligible à l’AAH, mais, mariée, mon mari a une retraire de 2300 euros donc je ne touche absolument rien. Sachant que si l’on regarde bien cela fait 1150 euros chacun en divisant par deux sa retraite, donc même pas un SMIC. Mais je ne peux pas calculer comme ça, car cet argent c’est le sien et pas le mien. Il doit donc m’entretenir et subvenir à mes besoins qui ne sont pas forcément les mêmes pour lui et moi.

Je n’ai pas la possibilité d’être indépendante et autonome dans ma vie et je me sens comme les femmes des années 50 et 60 qui n’avaient aucun droit sans leurs maris !

Il y a certainement des gens que ça ne gêne pas. Pour moi c’est une souffrance. Je me sens prisonnière de mes maladies et de mon handicap et prisonnière de ma dépendance financière, double peine.

Faute d’avoir mon propre argent je n’ai qu’un forfait téléphone à 2 euros et une carte de retrait seulement à ma banque, pas de carte de payement par dignité de ne pas demander. J’ai tout pris au moins cher, voilà ce que ça donne d’être dépendante. Demander pour ci, demander pour ça, je ne supporte pas et je préfère ne pas demander c’est pour moi une fierté et une liberté. Heureusement que je ne suis pas une femme battue ou soumise, elles doivent vivre un calvaire encore plus que moi.

J’ai commencé à travailler à 16 ans après mon BEPC dans la boulangerie familiale, mon parcours de travail s’est achevé par la naissance de mes trois enfants et je n’ai donc pas assez de trimestres pour prétendre à la retraite anticipée. Si je pouvais travailler comme avant, je ne demande que ça et donne volontiers mon handicap. Je suis courageuse. J’ai fait des ménages et j’ai été ASH en maison de retraite, des métiers physiques qui ont été le déclenchement d’une opération de hernie discale, fibromyalgie, centre anti-douleur, opération du cœur il y a trois ans et je suis encore sous traitement, hypertension, et les médocs qui me détruisent les intestins.

J’ai tenté de reprendre le travail à temps plein après mes opérations du dos, mais c’était impossible. Je n’ai pas d’autre choix que d’avoir l’AAH.

Ma dernière fille est elle aussi handicapée, une maladie de naissance génétique et orpheline. Assumer le handicap de son enfant est un parcours qui n’est pas du tout facile : la paperasse, les RDV médicaux, quand on espère enfin trouver le bon médecin et on doit répéter les mêmes choses des centaines de fois avec son enfant à ses côtés, qui aussi les vit et revit ces moments. La mise en place des besoins spéciaux à l’école, et l’administration… la bataille avec la MDPH quand l’enfant passe à l’âge adulte et comme si cela faisait disparaître sa maladie… une hérésie… une bataille de tous les jours.

Finalement ma fille travaille en tant qu’handicapée, avec des adaptations, elle vit seule et la réflexion de sa vie amoureuse et de couple est marquée par cette non individualisation de l’AAH.

Je me bats donc aussi pour elle et toutes et tous ces jeunes qui j’espère verront les choses changer dès maintenant !

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Justine : « On est déjà énormément dépendant, on ne va pas leur demander de l’argent en plus »

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« Si en plus il doit sponsoriser mon handicap, je ne me sentirais plus de prendre des décisions »

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Marie : « C’est moi qui suis handicapée, pas mon conjoint ! »