Catégories
Témoignage écrit

Émilie : «Je demande la déconjugalisation de l’AAH afin de vivre décemment. »

J’ai 43 ans (bipolaire diagnostiquée depuis 20 ans environ) et en couple depuis 10 ans. Avant, je travaillais donc pas de problème. Mais depuis août 2018 je suis au chômage : je percevais un reliquat de chômage, l’AAH et une pension d’invalidité. Mais mes droits de chômage se sont terminés en septembre 2020. Janvier 2021, on apprend que je ne percevrai plus que 15 euros d’AAH parce que les revenus du couple (nous sommes déclarés en concubinage auprès de la CAF) de 2019 dépassent le plafond ! Or, mon compagnon est intermittent du spectacle. On ne sait pas s’il va y avoir une deuxième année blanche (impossible de travailler à cause de la Covid 19), et dans son cas, le RSA se transformera en RSA de couple (d’une valeur inférieure). Heureusement, j’ai une pension d’invalidité de 750 euros par mois.

C’est donc moi, qui avec ma pension d’invalidité, vais devoir assumer le couple et sans l’AAH ! On marche sur la tête !

Déjà que je me sentais dépendante financièrement mais maintenant nous sommes trop riches pour percevoir l’AAH…

Je demande la déconjugalisation de l’AAH afin de vivre décemment, de façon autonome et de ne plus dépendre des revenus de notre conjoint. À croire qu’il serait plus facile de rester seul-e ou de ne pas se déclarer en concubinage.

C’est la fin de l’amour… pourtant celui qui nous donne des ailes et qui nous permet de nous sentir soutenus moralement et financièrement. 

Catégories
Témoignage écrit

Stéphanie : «698,52€. C’est le prix de notre amour.»

5 février 2021, le couperet tombe. 698,52€. C’est le prix de notre amour. Aussi grand puisse-t-il être, il ne pèse pas bien lourd …encore 50€ de moins, cette année, sur mon allocation d’adulte handicapée.

50€? Ce n’est pas grand-chose, et beaucoup à la fois me direz-vous. C’est un plein d’essence ou une quinzaine de repas à la cantine pour Gabin.

Pourtant, le système allocataire familial décide que, parce que l’on s’aime et que l’on vit sous le même toit, les revenus de ton conjoint, qui avoisinent les 1600€ par mois, sont trop « élevés » et peuvent nous faire « vivre décemment ».

Ce qu’on me donne bien gentiment pour « palier de façon compensatoire à ma situation de handicap » dépend directement de ce que mon mari reçoit en salaire…

Donc, je ne suis pas encore assez dépendante physiquement de lui ? Il faut encore que je le sois financièrement ? En deux années, j’ai perdu presque 400€ juste parce que c’est le système qui le décide. Comment ne pas être en colère ?

Comment puis-je me sentir bien, vis à vis de mon mari ? Ne pas se sentir comme un fardeau, dans une situation pareille, est quasi impossible.

Quand comprendra-t-on que les personnes atteintes de handicap ont leur propre individualité humaine ? Elles ont aussi des capacités, certes à adapter, mais tout aussi valables que les personnes valides, à proposer à la société pour être rémunérées, ou bien, lorsque le handicap les prive de cette possibilité, qu’elles ne l’ont pas choisi, faut-il rappeler que leur handicap ne dépend pas de leur conjoint Je suis fatiguée de me débattre dans ce piège insensé. Je suis épuisée par cette injustice… Une injustice discriminatoire envers les allocataires de l’AAH ?